"C'est le coup de pied de l'âne au lion mourant"

Le titre de cette critique est une phrase issue de Notre-Dame de Paris,1482. Le célèbre roman de Victor Hugo et je pense qu'elle pourrait s'appliquer aussi bien au film qu'à la polémique qui l'entoure.
En 2020,époque fantastique où la fiente qui pollue nos rues est maintenant écoutée,admirée et même sacralisée. Nous n'avons pas le droit de voir ce film à cause d'une horde de bourriques attardées et soumises qui ont beuglés dans la rue. Notre France fantastique,corrompue jusqu'à l'os,qui n'est même pas capable de s'occuper d'elle ou d'accorder à certains de ses plus grands artistes (Roman Polanski ou Louis-Ferdinand Céline entre autres) l'honneur et le prestige qui leur ait dut,ose condamner ce qui se passe à l'étranger.
Les ânes,nés de la fiente pour servir et manger la fiente. Portent un coup de pied à quelque chose d'infiniment plus grand qu'eux pour compenser leur propre médiocrité. Leur propre lâcheté,leur propre malfaisance.
Mais je ne parlerais pas d'eux dans cette critique,j'ai passé trop de temps à regarder leurs conneries,trop de temps considérer la fiente,trop de temps à la saigner.
Qu'elle meure donc,car elle n'est pas importante.



Qu'en est-il du film en lui-même ?



Roman Polanski nous offre un film tout à fait admirable et très personnel .
Personnellement il me donne l'impression que sa campagne publicitaire à été faite de sorte à laisser croire que Roman Polanski s'identifier à Alfred Dreyfus pour tromper le futur spectateur et les crétins qui lui feront de la pub.
J'accuse aurait d'ailleurs été insupportable si il-y avait été réalisé par un crétin,ce n'est heureusement,pas le cas de Polanski.
J'ai été surpris par la façon dont Polanski traitait l'affaire Dreyfus dans son film. Contrairement à ce que laissait pensait les diverses bandes-annonces,le réalisateur ne se met pas du côté du capitaine juif,qu'on ne voit d'ailleurs que très peu pendant le film,mais du côté du colonel Picquart,colonel de la section de renseignement de l'armée française et antisémite notoire.
Picquart va enquêter sur Dreyfus,non pas parce qu'il aime cet homme,il le dit d'ailleurs au tout début du film. Mais simplement pour son bon sens ainsi que son honneur et celui de l'armée. Car il n'y-a que elle qu'il aime.
Il n'y a d'ailleurs pas de rédemption pour ce personnage,ce n'est pas parce qu'il sauve Dreyfus qu'il va devenir ami avec lui et changer d'avis sur les juifs. Ça rends le film réaliste et ça apporte quelque chose d'important au message du film,message que nous décririons plus tard.
On suit donc le périple du lieutenant-colonel pour mener l'enquête entre des gens froids,mornes qui ont déjà décidé de la vérité,pour rétablir la justice.


Le message du film n'est donc pas "Je suis Roman Polanski,victime méprisée par la société" mais "Intéressez vous aux faits,à la vérité. Si vous ne le faites pas pour quelqu'un que vous n'aimez pas,faites le pour votre bon sens et votre honneur. Découvrez Esterhazy,découvrez Rittenband."


Et Dreyfus,que l'armée châtie alors qu'il lui était dévoué corps et âme. Le coup de pied de l'âne au lion mourant. Il n’apparaît que très peu dans le film,mais il n'est pas montré comme un saint. Puisqu'il ne fait quasiment que réclamer des choses.


Ensuite,le film profite d'une réalisation bluffante parfaitement maîtrisée,rien d'étonnant de la part de Roman Polanski,grand réalisateur de notre époque. Le réalisateur joue énormément avec les couleurs et surtout les ombres et les lumières,pour montrer que Picquart est complètement effacé,méprisé pour chercher la vérité...
Il utilise aussi parfaitement les espaces restreints dans lesquels il fait évoluer ses personnages pour filmer l’oppression que subissent Dreyfus et Picquart. Il avait déjà utiliser des décors étroits à cet escient dans son film d'horreur,Répulsion,que j'adore personnellement.


Mais malgré ses innombrables qualités,J'accuse souffre de quelques petits défauts.
Déjà on pourrait critiquer le niveau de langue des dialogues,inférieur à celui qu'avait les gens à cet époque. Je me base surtout sur les quelques œuvres de Maupassant que j'ai lus pour dire ça et ce niveau de langue,enlève malheureusement un peu au réalisme du film.
En revanche,le côté théâtral du film que beaucoup ont critiqués rajoute un peu à la dureté et à l'ambiance générale du film.


En conclusion,J'accuse est un film excellent. Polanski offre une oeuvre excellente très personnelle qui apporte un message profond terriblement actuel. C'est un pur film de cinéma,bourré d'idées de mise en scène et de jeux avec les couleurs,l'ombre et la lumière et qui présente des personnages incroyablement bien écrits.

Migaro
8
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le 8 avr. 2020

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Migaro

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