Imaginez que vous êtes sur une route départementale... J'aime pas les routes départementales.

Bon, avant toute chose, force est de constater que l'ouvrage est de bonne facture: la réal est assez bien fichue, la photo est assez géniale, et la direction d'acteur n'est pas dégueu (Choi-Min Sik est même génial, disons-le). Mais... Parce que pour moi, il y en a un..
J'aime les films de vengeance pour une raison assez similaire à celle qui fait que j'aime les vigilant movies: c'est un exutoire totalement cathartique qui ouvre parfois, après avoir déversé toute sa bile, sur une réflexion, la possibilité de prendre à contre pieds nos instincts les plus bas, et ainsi, sur la base de cette surprise, de cet étonnement, nous faire réfléchir. Je pense, entre autres, à Death Sentence, à History of Violence, ou même à Blue Ruin où le justicier se métamorphose pour révéler les traits d'un monstre, qu'il le soit devenu ou qu'il l'ait toujours été; ou encore à la spirale de la vengeance qui, se lovant sur elle-même, finit par étouffer inexorablement les protagonistes. Pas de quoi se taper le cul par terre en matière de réflexion philosophique, mais cela nous parle parce que cela prend visuellement, émotionnellement à rebrousse-poil notre inclination première: aussi, les passions parlent-elles aux passions mieux que toute raison.
De ce point de vue-ci, eh bien "J'ai rencontré le diable" fait l'affaire, notamment avec une scène finale que je ne divulgacherai pas, mais qui est assez bien foutue. Alors, où est le problème me demanderez-vous, tout en vous apprêtant à refermer pour toujours la porte de votre intérêt pour ce modeste billet. Ma réponse est assez simple: ça ne prend pas. Je ne sais pas pourquoi, il y a de la sauvagerie, c'est brusque, c'est même un peu gore, ça devrait prendre aux tripes, éveiller le monstre en nous qui sourit du sang versé en retour. Mais non, jamais je ne suis embarqué, pas un seul instant je me suis murmuré: "Tu vas voir sale enflure, quand ça va être à ton tour de passer sur le billot!". Je n'étais pas énervé, ni stressé, ni dévoré par l'attente du retour de bâton (et pourtant, on cogne beaucoup avec des bâtons dans ce film).
La raison de ce détachement? Le jeu des acteurs (excepté Choi-Min Sik) est souvent très moyen, je trouve. Les méchants sont assez crédibles, mais les scènes de dialogue des "gentils" sont mièvres, en témoigne la discussion entre la jeune femme future maman et son époux au téléphone en tout début de film. Je suis fan de Dragon Ball, mais de là à s'inspirer des lignes de dialogue de Bulma et Végéta pour un thriller, faut pas pousser (cette dernière phrase, et la comparaison qu'elle implique, est-elle raciste? Pourquoi assimiler la culture manga japonaise et un film sud-coréen? Aurais-je bruler des croix si j'avais vécu dans le Mississippi des années 50? Suis-je une grosse enflure de merde? Le débat avec moi-même demeure ouvert). De ce point de vue-ci, Lee Byung-Hun avec son look et sa mèche de chanteur de K-Pop ne transcende pas la voute céleste, et ses "T'es vraiment un gros dingue" lancé - avec une profondeur d'analyse psychologique donc toute relative - à un méchant tandis qu'il lui arrache, la seconde d'après, la mâchoire avec ses mains, ne m'ont semblés ni fins, ni très pertinents.
Déso, même si je ne dirai pas que j'ai perdu mon temps...

Rémi_Navaron
7
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le 19 août 2018

Critique lue 186 fois

Rémi Navaron

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