Je dois être honnête, le tome 1 de l'Épée de Vérité, à l'époque, m'avait totalement emballé. On rentre par la bonne porte dans un livre de fantasy, une forêt édenique où vit le protagoniste, une nature inspirante, une ambiance douce et automnale comme on les aime, qui sent bon le feu de cheminée et le fromage (si si, désolé). Puis un magicien ma foi sympathique, qui vient chercher le protagoniste, faut que tu sauves le monde Gérard, on compte sur toi Gérard, des comme toi y'en a pas deux Gérard, bref, on connait tous la limonade, mais on se laisse bercer: t'es l'élu, quand tu pètes, ça fait des bulles, et tout le tremblement.
Et on peut le dire il me semble, c'est pas si mal foutu, surtout les 150 dernières pages du tome où le héro se retrouve supplicié, et révèle un rapport à la douleur somme toute pathologiquement problématique selon les critères du DSM-V. Mais alors, quel est le problème? Eh bien, le problème n'est qu'en germe dans le premier tome, et explose littéralement à partir du deuxième volume de la saga: on sent bien que le décor est un peu en carton-pâte, que la profondeur psychologique des personnages est digne d'un roman jeune-adulte de seconde zone, et que l'écriture est pas fifou, mais ça passe. Ça passe parce qu'on a l'impression que Goodkind fait le job, qu'il joue à domicile avec les codes classiques du genre, sans les réinventer, mais en les utilisant de manière efficace.
Mais la suite... Nom de Zeus. Ça devient incroyablement mauvais à tout point de vue, et surtout, cette histoire d'amour cucul la praline (un péché assez commun en fantasy, il faut bien l'avouer) entre Richard et Kalhan, mon Dieu... Tout est raconté depuis le point de vue d'un enfant de 11 ans en terme de quotien émotionnel, et même que parfois, quand je pense à toi, eh bien mon kiki... Ce n'est vraiment plus bon, et ce n'est pas la qualité de l'histoire qui va nous faire passer l'éponge sur ces égarements certains, comme c'est le cas dans l'Assassin Royal ou La Belgariade par exemple. Non, ici on doit affronter une vérité nue: une parodie de Fantasy dans ce qu'elle a de plus bassement juvénile (parce qu'en soi, le juvénile peut très bien tenir le haut du pavé) et stéréotypée.
Conclusion, lisez le premier volume, mais rappelez-vous que vous qui rentrez ici, il vous faudra abandonner tout espoir.