Après une enfance malheureuse et une éducation des plus strictes, Jane Eyre devient gouvernante dans une demeure reculée, dont le propriétaire ténébreux se révèle vite acariâtre. Mais la franchise et la passion de la jeune femme sauront réveiller ce dernier...
Pour adapter ce classique de la littérature britannique, déjà transposé des dizaines (!) de fois à l'écran, Cary Joji Fukunaga joue la carte peu risquée mais souvent payante de l'académisme soigné. Jolis paysages, photographie soignée, et acteur de talents so british seront de la partie (Judi Dench, Jamie Bell, Sally Hawkins...).
Néanmoins, cette version propose deux éléments originaux. D'abord, l'aspect gothique est très présent. Le scénario insiste presque moins sur une histoire d'amour impossible que sur les recoins inquiétants du manoir, dans une ambiance quasi horrifique que n'aurait pas reniée la Hammer.
Ensuite, la présence de Michael Fassbender. L'acteur, peu connu à l'époque, allait enchaîner une série de projets d'envergure en 2011/2012, faisant exploser sa cote. Entre cette adaptation, du blockbuster ("X-Men: First Class"), du David Cronenberg ("A Dangerous Method"), du Ridley Scott ("Prometheus"), du Steven Soderbergh ("Haywire"), ou du Steve McQueen ("Shame"), Fassebender faisait alors en quelques mois seulement tourner bien des têtes de cinéphile ! Il apporte ici toute sa nuance et sa subtilité à ce personnage aigri, qui révèle un sinistre passé.
On reprochera peut-être à l'intrigue que les sentiments amoureux du personnage arrivent un peu vite, mais ils ne sont heureusement que secondaire devant ceux de la protagoniste. Incarnée par une Mia Wasikowska à l'allure volontairement morne, celle-ci est l'occasion d'aborder une condition féminine renfermée et peu enviable de l'époque.