Les films de Sam Mendes sont toujours extrêmement singuliers, dans leurs esthétiques et dans leurs thèmes. Jarhead n’en fait pas exception, avec sa vision très personnelle de la première guerre en Irak.
Adapté du livre d’Anthony Swofford, Jarhead raconte en fin de compte l’ennui des soldats américains dans une guerre qu’ils ne comprenaient même pas. Sam Mendes en tire un film qui oscille souvent entre l’hilarant dans les rapports entre les différents personnages hauts en couleur représentés et le désespérant, dans le bon sens du terme. En effet, il ne se passe absolument rien dans Jarhead et c’est probablement le gros point faible du film de Sam Mendes, qui ressemble à s’y méprendre à une coquille vide une fois la fin du métrage arrivée. C’est dommage, car les acteurs sont excellents, bien évidemment Jake Gyllenhaal en tête, mais aussi les seconds rôles comme Jamie Foxx, jamais autant à l’aise que lorsqu’il est en retrait, Evan Jones, Brian Geraghty, Jacob Vargas ou encore John Krasinski et Chris Cooper et même Lucas Black.
La scène la plus représentative du film est un passage surréaliste à la fin de la guerre, lorsque le cessez-le-feu est prononcé : Swofford et son spotter retournent sur le camp, bredouilles. Or, c’est la fête et tout le monde boit et brûle son équipement. Swofford, déçu de ne pas avoir tiré une seule fois son arme, lâche une balle en l’air. Il est suivi par tout le camp qui vide ses chargeurs en l’air. Cette scène, aussi jouissive qu’elle soit, s’inscrit comme un épisode croustillant, dans une longue suite d’épisodes qui ne font pas réellement sens collés les uns aux autres. C’est dommage.
Jarhead est un bon film en l’état, mais il est impossible de perdre de vue le fait que le film n’est pas une réelle unité mais une somme d’éléments collés les uns aux autres qui ne font pas autant sens que l’aimerait Sam Mendes…