C'est mon cinquième Bruno Dumont, après Flandres, Hors Satan, Camille Claudel 1915 et Ma Loute. Je devinais que ça n'était pas vraiment un film pour moi et que j'avais de bonnes chances de m'y ennuyer. J'ai quand même voulu aller le voir.
Je m'y suis ennuyé comme prévu et même, je le crains, un peu assoupi... malgré ma détermination, mes bonnes dispositions vis à vis de l'oeuvre de ce réalisateur singulier. J'ai quand même vu les temps forts annoncés par les critiques professionnels. Vu et écouté Christophe chanter (déguisé en un des juges du procès), aperçu Luchini en Charles VII, découvert et admiré l'intérieur de la magnifique cathédrale d'Amiens (le procès de Jeanne s'y déroule), et bien sûr et surtout été touché par la façon dont Dumont dirige et filme la très jeune Lise Leplat Prudhomme, étonnante et bouleversante personnification de notre plus grande héroïne nationale. L'ensemble est bien filmé, l'image belle, frémissante, mais tout est extrêmement austère, stylisé, dépouillé. Le décor est minimal, souvent réduit aux costumes. Il n'y a quasiment pas d'action, sinon évoquée. On n'est pas loin du théâtre filmé (en plein air et sur sites naturels). En outre, même sublimement dépoussiéré par Bruno Dumont, le procès en sorcellerie qui occupe une bonne partie de l'opus paraît forcément d'un autre âge; si biaisé et révoltant soit-il, il nous accable sans vraiment nous concerner. C'est l'adaptation d'une pièce lyrique de Péguy : Le Mystère de la charité de Jeanne d'Arc et... Péguy m'est toujours tombé des mains. Le mystère ou pourquoi de cette geste repose presque entièrement sur la composition d'une enfant de douze ans (Jeanne d'Arc en avait 17-19 au temps de son emprisonnement puis supplice) et c'est quand même faire beaucoup porter à de bien frêles épaules.
Qu'ajouter d'autre ? J'ai vu le film à la séance de 22 heures. On était 17 dans la salle. Comme je la quittais, un peu groggy et titubant, une jeune femme m'a adressé un sourire furtif.
10 commentaires