Jesus Camp par Cinemaniaque
Documentaire célèbre pour son sujet, Jesus Camp est avant tout une magnifique leçon de cinéma documentaire faite en toute simplicité. On sent l'influence du cinéma-direct (plans longs, absence de commentaire ou d'intervention des cinéastes) et c'est tant mieux, car un tel sujet méritait un traitement de funambule. D'ailleurs, à part deux-trois plans un peu faciles, qui n'entachent cependant pas le déroulement des séquences, les cinéastes arrivent à offrir leur point de vue de manière subtile tout en laissant les sujets filmés se ridiculiser eux-mêmes, sans intervention ou commentaire extérieur. Jesus Camp met surtout en avant le paradoxe de ces évangélistes, critiquant les camps musulmans par exemple d'endoctriner les enfants alors que, de leurs côtés, ils agissent dans le même but mais avec des moyens plus pernicieux et sournois : jouets, humour, empathie, bref le parfait manuel du petit manipulateur de masse. Et en laissant la parole à un animateur radio catholique dénonçant un à un les paradoxes de ces évangélistes radicaux, ainsi que des parallèles évoqués avec le gouvernement Bush à l'époque, Ewing et Grady font de ce documentaire le portrait d'une Amérique effrayante, dénonçant les intégrismes du Moyen-Orient mais incapable de contenir ceux inscrits au plus profond de ces entrailles. Aussi interpellant qu'abouti.