Ma première rencontre avec Ernst Lubitsch. Comme vous vous en doutez, elle fut plutôt heureuse.
La patte européenne se ressent tout au long du film, qui lui même se déroule en Pologne. Sorti en pleine seconde guerre mondiale, et prenant place dans le Varsovie occupé du début de la guerre, To be or not to be s'est révélé pour moi encore meilleur que Le Dictateur de Chaplin, auquel on l'a souvent comparé.
Le film a des allures de pièces de théâtre, quasiment toutes les scènes ayant lieu dans des espaces clos ; d'autant que l'un des principaux thèmes du film est le théâtre, et les protagonistes des comédiens.
Bien plus dévastateur qu'un film de propagande comme La Sentinelle du pacifique ou Sergent York, ces films qui étaient tournés par Hollywood pendant la guerre pour booster l'élan patriotique. La guerre est traitée avec légèreté et les nazis sont discrédités à travers le colonel allemand, personnage très rigolo surtout dans sa dernière scène. Ils ne sont mêmes pas montrer comme des monstres sanguinaires mais Lubitsch, lui même allemand, prend du recul sur les atrocités commises en Pologne ou ailleurs et les évoque comme si de rien n'était, elles deviennent des blagues dans la bouche des allemands (ils ont dépassé le stade de monstre), comme lorsque le colonel dit que Sura massacrait Shakespeare comme lui la Pologne. Leur idéologie absurde est mise à mal, de même que leur confiance aveugle en leur chef avec des scènes hilarantes où c'est à celui qui criera le mieux Heil Hitler, où le sort des deux pilotes dans l'avion.
Le scénario est génial et enchaîne les situations loufoques voire burlesques (quand Sura est mis nez à nez avec le vrai Siletsky) : usurpation d'identité, espionnage, jalousie, runnings gags (Schuuuuuulz!!!)
Toutefois, la réalité des horreurs commises en Europe ne sont pas effacées, on les évoque sur certains plans, comme tous les théâtres polonais en ruine, ou l'omniprésence de l'occupant et la menace qu'il représente (Le colonel est le seul allemand présenté avec humour).