Ce film-phare du cinéma d’animation japonais est scénarisé par Mamoru Oshii, célèbre réalisateur des mythiques Ghost in the Shell (1995) et Avalon (2001). Jin Roh, oeuvre au sujet dérangeant, a reçu de prestigieux prix dans de nombreux festivals internationaux, dont celui de Berlin et celui d’Annecy.
À Tokyo, fin des années 50, de vives émeutes secouent la ville, mises en place par un groupuscule antigouvernemental appelé « La Secte ». Pour contrer ces mouvements de contestation, les autorités créent une brigade spéciale, la Posem (POlice de SÉcurité Métropolitaine). Kazuki Fuse, un des soldats de cette brigade, se retrouve incapable de tirer sur une adolescente qui portait une bombe sur elle.
La différence entre les hommes et les loups peut être extrêmement ténue. Tel est le thème abordé par ce film. Dans cette complexe histoire d’espionnage et de contre-espionnage, les manipulations, trahisons et autres complots tordus sont fréquents. Où est la place de l’humain dans tout ça? A-t-il seulement encore une place? Quelques questions douloureuses sont posées dans cette uchronie, comme l’éternel débat sur la différence entre résistance et terrorisme. Jusqu’où peut-on aller pour défendre une cause? « Dans certains cas, jusqu’à l’absurde. », semble répondre ce film d’animation. Par ailleurs, signalons enfin que certains passages font référence explicitement au Petit Chaperon Rouge, comme pour souligner le rapport souvent difficile de l’homme à ses propres pulsions de mort. Bref, des images troublantes doublées d’une poésie désespérée.
(Cette critique est parue dans le mensuel satirique liégeois "Le Poiscaille" en février 2013) (http://lepoiscaille.be/)