Jodorowsky's Dune
7.9
Jodorowsky's Dune

Documentaire de Frank Pavich (2013)

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Il est des films magistraux, des films singuliers ou des films radicaux qui peuplent l'Histoire du Cinéma comme autant de chefs d'oeuvre majeurs, souvent accessibles à tout un chacun de par leur notoriété ; il est également des chefs d'oeuvre prenant l'allure de films maudits, des films qui - malgré leur brillance - n'ont pas rencontré le public et le succès lors de leur sortie en salles. Plus rares sont les chefs d'oeuvre à l'ambition incontestable et incontestée par leurs contemporains, ces monstres de cinéma qui avaient tout pour connaître la gloire et l'immortalité mais dont le processus fut tué dans l'oeuf, avorté au regard de la démesure de leur auteur.


Projet hors normes, littéralement génial mais concrètement mégalomane Dune d'Alejandro Jodorowsky était de fait susceptible d'appartenir à cette catégorie de films prodigieux condamnés à ne jamais voir le jour sur l'écran d'une salle obscure. Le documentaire de Frank Pavich retrace avec éloquence toute la genèse de ce film que Jodorowsky lui-même qualifiait de prophète, reconstituant une légère partie de l'univers graphique et spirituel. En bon réalisateur mystique Jodorowsky témoigne de son aspiration à collaborer avec une équipe exclusivement composée de grands génies, du moins pour le projet démiurgique que représentait Dune au milieu des années 70 : Salvador Dali, les Pink Floyd, Mick Jagger, Orson Welles ou encore Jean Giraud pour le story-board et Douglas Trumbull pour les effets spéciaux.


Dune était forcément en passe de devenir l'un des plus grands films de l'Histoire du Septième Art, aussi bien pour ses qualités techniques proprement visionnaires et séminales que pour son audace constante et la portée empirique de son processus de fabrication. Hélas la frilosité des producteurs hollywoodiens ont finalement eu raison de l'intransigeance et de l'intégrité artistiques d'Alejandro Jodorowsky, jugé trop excentrique et indomptable par l'industrie cinématographique de l'époque... S'ensuivra la mauvaise adaptation réalisée par David Lynch quelques années plus tard, adaptation difficilement capable d'atteindre ne serait-ce que le centième du potentiel du film écrit par l'auteur de La Montagne Sacrée. Un documentaire essentiel, qui donne plus que jamais l'envie de découvrir une oeuvre résolument invisible.

stebbins
9
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le 17 mars 2016

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stebbins

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