Documentaire sur le film qui aurait pu soi-disant révolutionner la science fiction sur grand écran avant Star Wars, et même le cinéma lui même en inspirant l'humanité à changer jusqu'à l'illumination. Il nous présente pourtant surtout une bande de croulants du ciné qui se racontent. Ils sont tantôt flippants comme Giger qui quand il parle sonne comme un SS perdu dans une réalité inter-dimensionnelle, tantôt clichés avec un chapeau et un col roulé ou bien traumatisés dans leur enfance. Et surtout il a le gourou Jodo. Le mec traite Doug Trimbull, un grand spécialiste des effets spéciaux, de vaniteux alors qu'il dit que son film deviendra le plus grand de l'histoire afin de convaincre chaque nouvelle recrue et qu'il est prêt à tout pour avoir Dali dans son film. Pas un modeste non plus, le peintre surréaliste. Il s'entoure en effet de tous les dégénérés, pardon les artistes marquants de son époques, comme par exemple Mick Jagger. Et son parallèle, concernant le fait d'adapter une œuvre littéraire à l'écran, entre le respect d'une oeuvre et celui d'une mariée : il faut violer la mariée et déchirer son voile comme on doit le faire avec une œuvre littéraire pour l'adapter au cinéma … Non merci. Quand l'instant d'après il parle d'être un guerrier spirituel, on se dit : "érudit peut être, mais la culture, à lui, ça lui fait l'effet du crack".
Il y a quand même de bonnes choses quant au processus créatif et au système hollywoodien. On voit ici comment, déjà à cette époque, les studios américains ont du mal à produire une œuvre véritablement originale. Les dessins de Foss et Giger ont également un grand intérêt et permettent de comprendre l'influence de ceux-ci dans les années suivant le projet. Par contre à la fin le film essaie à tout prix de raccrocher toutes les références possibles et imaginables au storyboard de Jodorowsky, mais c'est en oubliant parfois les millénaires d'art avant lui !
Au final Jodorowsky avait peut-être de l'ambition, comme il le dit lui-même, pourtant à l'aune de ce documentaire, rien ne dit que son Dune aurait été meilleur que le nanar avec Sting (encore un chanteur …).