Western tant crépusculaire que mélancolique, McCabe & Mrs. Miller perpétue le rite du Nouvel Hollywood en prenant à contre-pied le western classique et ses conventions, s'attachant à des figures médiocres qui piétinent la saleté de l'époque. La forme même du film embrasse cette crasse, avec son image vieillie aux lumières jaunies, sa texture sonore volontairement gardée abîmée. Mais le tout est poli par l'ambiance musicale de Leonard Cohen, douces complaintes qui bercent ces protagonistes qui ruminent leurs vieux rêves de l'Ouest. Comme incomplet, le film offre quelques intrigues éphémères, dommages collatéraux d'un western désenchanté où Robert Altman embrasse à cœur perdu la mélancolie. L'ultime acte cède finalement aux codes, chasse à l'homme toutefois filmée avec une crudité folle, sans musique, bercée par le souffle du vent, un climax sur le qui-vive révélant le vrai propos du film : la démystification du "self made man", la dénonciation du capitalisme, le portrait boueux d'un pays où les plus petits sont dévorés par les plus grands. Spleen atypique qui livre de vraies images de cinéma, McCabe & Mrs. Miller fascine autant par son authenticité que son cynisme.
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