Posons les choses telles qu’elles sont : ce nouveau personnage incarné par Keanu Reeves fait grand bien au cinéma d’action. En effet, ce « John Wick » permet de revenir à un type de cinéma bourrin, violent et sans concession tel qu’on pouvait le pratiquer (et l’apprécier) il y a plus d’une décennie sans que les studios acceptent les coupures de la censure pour que leurs films soient classés tous publics. Mais surtout, les scènes d’actions - fusillades comme combats - sont filmés de manière élégante, racée et surtout lisible pour le spectateur. Et qu’est-ce que ça fait du bien ! C’est jouissif de voir enfin des combats dont on peut admirer parfaitement les sublimes chorégraphies comme des échanges de coups de feu dont on saisit enfin les tenants et les aboutissants. Merci à cette nouvelle saga de nous éviter les maux de tête dus à un montage épileptique et incompréhensible malheureusement devenu à la mode durant la dernière décennie.
Chad Stahelski (qui réalise ce second opus seul sans son comparse David Leitch parti sur « Deadpool 2 ») est un ancien cascadeur et cela se ressent tant ces scènes d’actions paraissent réelles et brutes de décoffrage. Bien sûr il faut passer outre les invraisemblances, John Wick paraissant complètement invincible au regard du nombre de tueurs mis à ses trousses. Mais cela entretient la légende du personnage et de la saga qui se développe de manière très intéressante. En effet, ce second chapitre tisse une mythologie plus creusée et encore plus passionnante sur la confrérie des tueurs dont le personnage titre fait partie. Baroque, stylisée sur la forme et cohérente, elle joue beaucoup dans la réussite de cette suite et donne envie de voir la prochaine mouture avec impatience.
Keanu Reeves est parfait dans ce rôle de tueur taciturne. Il ne livre pas une composition exceptionnelle mais totalement appropriée au personnage et au film. On apprécie la variété des tueurs rencontrés dans le film et la façon dont Wick peut les éliminer. De la même manière, le choix des lieux et décors de l’action, qui participent à l’esthétique léchée et agréable de la saga, est irréprochable. En rapport au premier, on pourra juste regretter un démarrage un peu plus longuet et l’effet de surprise en moins. La claque que l’on pouvait prendre et le plaisir de voir une action musclée et superbement mise en scène étant d’office attendue ici. La réussite est au rendez-vous mais il manque peut-être un petit quelque chose qui nous aurait davantage impressionnés, mettant encore la barre plus haut. Néanmoins ce que « John Wick 2 » perd en surprise et peut-être en efficacité, il le gagne en consistance. On attend donc un troisième volet en forme de bouquet final où ces deux points seraient surpassés.