Keanu Reeves brise l’écran et le soutient du coordinateur de cascade, également réalisateur ici, Chad Stahelski aide énormément. On le savait déjà. Mais l’ambition peut devenir l’ami de la réussite, sachant quelques sacrifices au passage. « Toujours plus » est une devise hautement maîtrisée en matière de chorégraphie et le ton repose sur la mythologie du monde que l’anti-héros fréquentait autrefois. Dans l’intention, on provoque, on propose et on assume la bête noire, lâchée en la personne de John Wick, plus dangereux que jamais.
Ne nous mentons pas et acceptons-le. L’évolution du genre de l’action, mêlé à de l’hyper-violence, actionne de nouveaux engrenages comme cette nouvelle franchise. Essentiellement lancé par « The Raid », John Wick pulvérise complètement ses équivalents occidentaux comme « Hitman » et « Agent 47 », devenant l’un des meilleurs nouveaux tueurs à gage sur grand écran. Pourtant, rien n’est innovant. La simplicité rend parfois la perception des choses plus spectaculaires. Ce que le film propose, c’est un rythme de lecture adaptée, fluide et respectueuse d’un personnage lucide et implacable. Les dialogues qui nous intéressent sont dans les ballets meurtriers que nous vivons auprès Wick. A partir de ce moment, on ne nous lâche plus et l’adrénaline prend le dessus. Mais comme chaque effet extasiant, il y a une durée limitée. Un des reproches formels que l’on devra retenir est dans la forme. Des longueurs puisent dans le côté cartoonisé, pour ne pas dire gratuit. Et autant dire que l’apparition de Laurence Fishburne renforce ce constat. A défaut de transitions rigoureuses, on revêtit le décor afin de poser le contexte, là encore trop long à se mettre en place. Ce qui est fait pour durer n’est pas fait pour surprendre, du moins dans ce genre de registre. On anticipe aisément le scénario et le climax soulève bien le sentiment partagé entre la frustration et fascination.
Une fois le recul encaissé, place à la fusillade et aux corps à corps. La dimension des combats prend un nouveau tournant, dès lors que le comédien s’est habilement adapté au rythme et à la souplesse de ses séquences particulièrement bien présentées. Au-delà de la caricature viscérale de Wick dans le premier volet, la motivation par la vengeance est encore plus grande. Les raisons diffèrent mais la rationalité en prend un coup. Les dégâts sont plus conséquents et les artifices derrières suivent. On respecte davantage la structure des affrontements qui perde en impact émotionnel, certes. On y gagne la hargne et le désir de voir la violence flirter entre la vulgarisation et la souffrance en échange. Sur ce point, la vraisemblance s’illustre pour ne pas confondre spectacle et réalité. On pourra notamment trouver des hommages à Buster Keaton ou Bruce Lee, ainsi qu’à d’autres cascadeurs qui ont permis à ce cinéma d’exploiter un potentiel plus dynamique, allié à des effets visuels aguicheurs.
Au final, « John Wick 2 » est un brin supérieur au premier volet, car l’immersion dans le vaste monde du Continental et de ses richesses tient ses promesses. Ne démentant pas l’esthétique installé, l’intrigue dévoile des recoins que l’on arpente tel un cross-over entre Rambo et James Bond. Habile dans ses propos, l’histoire du serpent qui se mord la queue est une réalité dont le principal protagoniste ne peut échapper. Puissant et efficace, le rouleau compresseur en en marche. Et l’arrêter reste un défi dont la saga possède le potentiel pour le surmonter.