On ne change rien à l’atmosphère du premier volet à ceci près qu’on ira encore plus loin dans le massacre, la chorégraphie des combats et la profusion de gunfights. A un degré d’abstraction fou. En fait, John Wick 2 s’ouvre quasi là où se ferme le premier volet, en nous balançant une bonne dose de bastons bien grasses sans qu’on ne comprenne quoi que ce soit de là où l’on se trouve, géographiquement et narrativement. Comme si le film se laissait le temps de chercher quoi inventer pour ne pas reproduire un schéma similaire au premier film, et que sa seule façon de nous faire patienter c’était de nous abreuver de ce qu’il fait de mieux : des os qui craquent, des corps projetés, de la tôle qui se froisse, des coups de feu, des coups tout court.


 L’ouverture peut être vue comme un brouillon, beau mais sale – Dans un garage, la nuit, avec des personnages sans relief, boss « Stormare qui en fait des tonnes » compris – de l’incroyable séquence centrale – Dans les catacombes de Rome (Les mecs sont vraiment allé tourner là-bas) éclairées de projecteurs colorés pour une soirée concert dantesque, avec des adversaires puissants, charismatiques et des combats circulaires (Rarement vu aussi peu de plans sur des scènes de bastons / flingues) ahurissants. On n’a même pas besoin d’en redemander puisqu’on est copieusement servi comme jamais un film de cet acabit avait été en mesure de l’offrir.
La suite est un peu dévorée par le souvenir de cette séquence romaine, néanmoins le film arbore deux visages passionnants : la dimension méta, déjà, puisqu’il va jusqu’à faire se rencontrer Keanu Reeves et Lawrence Fishburne, il n’en faut pas plus pour ne pas penser illico à un parallèle Neo/Morpheus et c’est en effet dans ce moule que John Wick s’affirme : Une mythologie qui lui est propre avec des codes, une esthétique, une construction bien identifiée à la manière de Matrix (avec un soupçon de Ghost dog) il y a presque vingt ans.
L’autre visage dépend de cette affirmation hautement présomptueuse : John Wick c’est notre réel dans lequel on aurait injecté un sérum qui n’en ferait plus qu’un univers du crime. C’est une copie criminelle de notre monde, dans lequel chacun serait un tueur caché, sentinelle portant le masque de l’anonymat (clochard, flic, fonctionnaire…) avant d’être enclenché. Sublime séquence où le caïd fait une indécente mise à prix sur la tête de Wick, comme on le faisait dans les westerns, et où tous les téléphones portables se mettent en branle.
Surtout, je le répète, cette suite est habitée de quelques séquences savamment chorégraphiées, on a parlé de Rome, on pourrait tout aussi bien évoquer le musée ou le métro (dans une séquence qui évoque aussi un peu Collateral) où chaque scène d’action, en plus d’être étirée sur la durée, l’emporte par sa limpidité d’exécution.
JanosValuska
6
Écrit par

Créée

le 30 déc. 2017

Critique lue 173 fois

JanosValuska

Écrit par

Critique lue 173 fois

D'autres avis sur John Wick 2

John Wick 2
Vnr-Herzog
8

Harder Better Faster Bourriner

Dans le marasme du film d'action américain des années 2010 la sortie, en 2014, de John Wick était une bonne surprise et le film a vite gagné le statut de bouée de sauvetage pour les amateurs de...

le 2 juin 2017

54 j'aime

9

John Wick 2
Behind_the_Mask
8

Qui paie ses dettes sang-richit

L'attente fut longue. Le film bien moins accessible dans les salles obscures et la patience mise à rude épreuve. L'excitation à son comble quand, enfin, quelques rares séances vite expédiées se sont...

le 10 mars 2017

47 j'aime

9

John Wick 2
LeTigre
8

Un élargissement étonnant d’un univers d’assassins.

La fin du premier était loin d’être une conclusion satisfaisante pour un vengeur flingueur aussi démoniaque que John Wick. Ce dernier n’avait pas encore récupéré sa bagnole et c’est justement ce...

le 1 juin 2019

30 j'aime

4

Du même critique

Titane
JanosValuska
5

The messy demon.

Quand Grave est sorti il y a quatre ans, ça m’avait enthousiasmé. Non pas que le film soit  parfait, loin de là, mais ça faisait tellement de bien de voir un premier film aussi intense...

le 24 juil. 2021

31 j'aime

5

La Maison des bois
JanosValuska
10

My childhood.

J’ai cette belle sensation que le film ne me quittera jamais, qu’il est déjà bien ancré dans ma mémoire, que je me souviendrai de cette maison, ce village, ce petit garçon pour toujours. J’ai...

le 21 nov. 2014

30 j'aime

4

Le Convoi de la peur
JanosValuska
10

Ensorcelés.

Il est certain que ce n’est pas le film qui me fera aimer Star Wars. Je n’ai jamais eu de grande estime pour la saga culte alors quand j’apprends que les deux films sont sortis en même temps en salle...

le 10 déc. 2013

27 j'aime

6