Une partie centrale qui piétine entre début et fin savoureux pour un film pas si osé et décalé qu’es

« Jojo Rabbit » fait partie des œuvres soi-disant indépendantes américaines, acclamées partout avant leur sortie, qu’on nomme aussi bêtes de festival, et qui se positionnent généralement avant la fin de l’année outre-Atlantique pour être éligibles aux Oscars et autres cérémonies de récompenses. Puis qui sortent généralement en début d’année en Europe pour profiter de l’éventuelle moisson de récompenses qui leur permettrait un beau succès en salles. Des films pas forcément opportunistes mais pas si indépendants que cela puisque financés par les studios (ici la branche auteur de la Fox) et qui sont parfois surestimés comme « Shakespeare in love » ou… celui-ci. Car désolé mais on peut trouver « Jojo Rabbit » bon ou sympathique mais de là à le qualifier de chef-d’œuvre et d’ogre à louanges, il y a là un énorme fossé. Pas que le film soit raté, mais on en attendait plus et il est clairement décevant.


Après le monstrueux succès mérité de « Thor, Ragnarok » (l’un des meilleurs films du Marvel Cinematic Univers et peut-être le plus fou et décalé), Taika Waititi se fait un petit plaisir quelque peu égoïste avec ce film à priori tout aussi décalé, avant d’enchaîner avec les quatrièmes aventures du Dieu nordique. Mais à posteriori, « Jojo Rabbit » est bien moins original, détonnant et osé qu’espéré. L’adage selon lequel on peut rire de tout est utilisé ici puisqu’on brosse le portrait d’un petit garçon fan d’Hitler durant la Seconde Guerre Mondiale. Traité sur le ton de la fable initiatique, le film s’adresse davantage à un public jeune et n’est jamais provocant ni véritablement subversif, aspect qu’on pouvait attendre d’un tel sujet avec un côté poil à gratter. A deux ou trois scènes et répliques près, tout cela reste, certes iconoclaste, mais bien gentil et consensuel. Chose qui ne serait pas grave sans ce gros penchant pour la démagogie et le politiquement correct quant à l’approche de la thématique juive. Waititi signe donc un film tout juste mignon, loin d’être désagréable, mais pas vraiment mémorable et loin de tous les éloges parus jusqu’ici.


Pire, lors de la partie centrale quasiment en huis-clos qui rappelle beaucoup l’histoire d’Anne Franck (peut-être un hommage d’ailleurs), on s’ennuie quelque peu et « Jojo Rabbit » semble faire du surplace et enfoncer des portes ouvertes. On assiste à une opposition triviale des idéaux et des caractères qui ploie comme attendu dans le bon sens communément acquis puisqu’on est dans une fable du type feel-good movie. Mais, fort heureusement, une scène avec la Gestapo vient nous réveiller durant cette partie, peut-être la meilleure du film. Et il est vrai que le début et la fin sont à la hauteur. En effet, les vingt premières minutes sont situées dans le camp d’entraînement des jeunesses hitlériennes sont bonnes avec des gags et un humour très visuels inspirés ou ressemblant au Wes Anderson de « The Moonrise Kingdom ». C’est formellement élégant et coloré (tout comme la reconstitution de la Bavière de l’époque dans l’ensemble du long-métrage), plutôt drôle et plein d’idées savoureuses. Pareillement, le dernier quart du film s’aère un peu et s’avère tout aussi pertinent sur le versant de l’émotion que sur ceux de la morale et du (relatif) grand spectacle. De plus, il y a d’excellents seconds rôles incarnés par Rebel Wilson (qui a les moments les plus drôles) et Sam Rockwell. Pas déplaisant au demeurant mais il y a un gros manque de prises de risques et de second niveau de lecture qui sont dommageables ainsi qu’un aspect trop enfantin.


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JorikVesperhaven
6

Créée

le 7 nov. 2019

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Rémy Fiers

Écrit par

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