Hey Jude
Le nouveau projet du trublion Taika Waititi, responsable entre autre du virage fun et décomplexé de la saga Marvel Thor a beau se présenter comme un film historique, il exhibe de tous côté sa...
le 7 févr. 2020
105 j'aime
« Jojo Rabbit » fait partie des œuvres soi-disant indépendantes américaines, acclamées partout avant leur sortie, qu’on nomme aussi bêtes de festival, et qui se positionnent généralement avant la fin de l’année outre-Atlantique pour être éligibles aux Oscars et autres cérémonies de récompenses. Puis qui sortent généralement en début d’année en Europe pour profiter de l’éventuelle moisson de récompenses qui leur permettrait un beau succès en salles. Des films pas forcément opportunistes mais pas si indépendants que cela puisque financés par les studios (ici la branche auteur de la Fox) et qui sont parfois surestimés comme « Shakespeare in love » ou… celui-ci. Car désolé mais on peut trouver « Jojo Rabbit » bon ou sympathique mais de là à le qualifier de chef-d’œuvre et d’ogre à louanges, il y a là un énorme fossé. Pas que le film soit raté, mais on en attendait plus et il est clairement décevant.
Après le monstrueux succès mérité de « Thor, Ragnarok » (l’un des meilleurs films du Marvel Cinematic Univers et peut-être le plus fou et décalé), Taika Waititi se fait un petit plaisir quelque peu égoïste avec ce film à priori tout aussi décalé, avant d’enchaîner avec les quatrièmes aventures du Dieu nordique. Mais à posteriori, « Jojo Rabbit » est bien moins original, détonnant et osé qu’espéré. L’adage selon lequel on peut rire de tout est utilisé ici puisqu’on brosse le portrait d’un petit garçon fan d’Hitler durant la Seconde Guerre Mondiale. Traité sur le ton de la fable initiatique, le film s’adresse davantage à un public jeune et n’est jamais provocant ni véritablement subversif, aspect qu’on pouvait attendre d’un tel sujet avec un côté poil à gratter. A deux ou trois scènes et répliques près, tout cela reste, certes iconoclaste, mais bien gentil et consensuel. Chose qui ne serait pas grave sans ce gros penchant pour la démagogie et le politiquement correct quant à l’approche de la thématique juive. Waititi signe donc un film tout juste mignon, loin d’être désagréable, mais pas vraiment mémorable et loin de tous les éloges parus jusqu’ici.
Pire, lors de la partie centrale quasiment en huis-clos qui rappelle beaucoup l’histoire d’Anne Franck (peut-être un hommage d’ailleurs), on s’ennuie quelque peu et « Jojo Rabbit » semble faire du surplace et enfoncer des portes ouvertes. On assiste à une opposition triviale des idéaux et des caractères qui ploie comme attendu dans le bon sens communément acquis puisqu’on est dans une fable du type feel-good movie. Mais, fort heureusement, une scène avec la Gestapo vient nous réveiller durant cette partie, peut-être la meilleure du film. Et il est vrai que le début et la fin sont à la hauteur. En effet, les vingt premières minutes sont situées dans le camp d’entraînement des jeunesses hitlériennes sont bonnes avec des gags et un humour très visuels inspirés ou ressemblant au Wes Anderson de « The Moonrise Kingdom ». C’est formellement élégant et coloré (tout comme la reconstitution de la Bavière de l’époque dans l’ensemble du long-métrage), plutôt drôle et plein d’idées savoureuses. Pareillement, le dernier quart du film s’aère un peu et s’avère tout aussi pertinent sur le versant de l’émotion que sur ceux de la morale et du (relatif) grand spectacle. De plus, il y a d’excellents seconds rôles incarnés par Rebel Wilson (qui a les moments les plus drôles) et Sam Rockwell. Pas déplaisant au demeurant mais il y a un gros manque de prises de risques et de second niveau de lecture qui sont dommageables ainsi qu’un aspect trop enfantin.
Plus de critiques cinéma sur ma page Facebook Ciné Ma Passion.
Créée
le 7 nov. 2019
Critique lue 1.2K fois
9 j'aime
1 commentaire
D'autres avis sur Jojo Rabbit
Le nouveau projet du trublion Taika Waititi, responsable entre autre du virage fun et décomplexé de la saga Marvel Thor a beau se présenter comme un film historique, il exhibe de tous côté sa...
le 7 févr. 2020
105 j'aime
Préface Taïka Waititi est quelqu'un de très spécial. Un rigolard capable de faire semblant de dormir en public lorsque vient sa nomination aux Oscars. Un des rares réalisateurs actuels à avoir...
Par
le 2 févr. 2020
85 j'aime
4
L'endoctrinement de la jeunesse Allemande est le sujet de ce Jojo Rabbit, qui voit Adolf Hitler comme la seule voie à suivre. Adolf est là constamment pour le petit Jojo, il est son ami imaginaire...
Par
le 28 janv. 2020
66 j'aime
16
Du même critique
Le premier épisode était une franchement bonne surprise qui étendait l’univers du sorcier à lunettes avec intelligence et de manière plutôt jubilatoire. Une espèce de grand huit plein de nouveautés,...
Par
le 15 nov. 2018
93 j'aime
10
Si ce n’est une Cate Blanchett au-delà de toute critique et encore une fois impressionnante et monstrueuse de talent - en somme parfaite - c’est peu dire que ce film très attendu et prétendant à de...
Par
le 27 oct. 2022
89 j'aime
11
On se sent toujours un peu bête lorsqu’on fait partie des seuls à ne pas avoir aimé un film jugé à la quasi unanimité excellent voire proche du chef-d’œuvre, et cela par les critiques comme par une...
Par
le 18 oct. 2018
81 j'aime
11