Taika Waititi revisite la seconde guerre mondiale à travers les yeux d’un enfant. Non sans humour, le réalisateur nous entraîne dans une histoire aussi émouvante que burlesque. Il faut dire que le postulat de base de son histoire, prête à sourire. Johanes dit Jojo a un ami imaginaire en la personne d’Hitler, joué par un Taika Waititi très heureux de singer le dictateur dans sa gestuelle, ses postures et son parlé. Cet ami imaginaire est devenu important pour Jojo, l’absence de figure paternelle y a fortement contribué, Jojo est donc fortement influencé par ce personnage qui lui apparaît régulièrement. On mesure alors l’importance de son influence et on l’a comprends. Des années 30 jusqu’au prémisse du second conflit mondial, Hitler n’a cessé de voir son aura croître au gré de ses apparitions publiques. Peu importe la teneur profondément abjecte des propos qu’il pouvait proférer, il captait les foules et savait convaincre. Ainsi quoi de plus normal que de voir le petit Jojo embrigadé dans l’idéologie aryenne du parti Nazi. Éduqué dès le plus jeune âge au sein des jeunesses Hitleriennes, Jojo est devenu un fanatique dévoué au parti national socialiste et c’était au fond l’objectif de ces organisations qui regroupaient des enfants.
L’idée était de former les soldats de demain, façonner, modeler leurs manières de penser, les élever dans la haine de l’ennemi, dans la haine du juif. Et bien que cet aspect soit traité avec un décalage burlesque, le ton du film n’en est pas moins grave. Sous cette apparente légèreté c’est toute l’horreur de la guerre qui est dépeinte. Le ton qui se voulait léger au début se durcit progressivement tout au long du film, pour aboutir à une conclusion douce-amère.
Jojo est extrême dans sa manière de penser, tout le contraire de sa mère jouée par une Scarlett Johansson touchante.

Grandir en temps de guerre, implique que cela influence notre vision des choses. Et le point de vue utilisé dans le film est original car l’on regarde la WWII à travers les yeux d’un enfant allemand.
L’horreur de la Shoah est esquissé discrètement, le sort des résistants allemands également, car tout les allemands n’étaient pas nazis.

A cause de la folie d’un homme, des générations se sont vues priver de leur enfance leur insouciance et leur innocence.
Dans son traitement, l’histoire marche sur les pas de «  la vie est belle » de Roberto Benigni, même si l’angle choisi diffère quelque peu du film de Waititi.

Le film aborde la peur de ce qui est différent, montre la bêtise et l’ignorance, le film est un message, une promesse que n’importe qui peut changer par amour, par amitié. Toujours burlesque et absurde, à l’image de ses films précédents, la réalisation ne manque pas de peps et d’inventivité.
Waititi offre un message de tolérance, d’ouverture sur l’autre dans une époque où l’antisémitisme était prégnant. Vraisemblablement Le réalisateur cherche à sensibiliser sur le fait qu’il existe encore aujourd’hui des groupes extrémistes.

Ritoncrit
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le 9 févr. 2020

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