Lauréat du prix du public au dernier Festival International du Film de Toronto (TIFF), Jojo Rabbit est aussi nommé aux prochains Oscars dans plusieurs catégories, dont celle de meilleur film. Et s’il ne devrait – en toute logique – pas s’imposer compte tenu de la concurrence plutôt relevée, il dispose néanmoins de sérieux atouts qui justifient amplement sa sélection. Le plus important d’entre eux est certainement l’originalité de son sujet et de son traitement. Certes, le long-métrage regorge d’inspirations formelles et scénaristiques (difficile de ne pas penser à Wes Anderson), mais il n’empêche que traiter d’enfance, d’innocence ou encore de passage à l’âge adulte par le prisme du nazisme est pour le moins singulier. D’autant plus que le récit ne se contente pas d’évoluer dans la seule satire du régime allemand, comme on aurait éventuellement pu le craindre au départ, mais propose également de belles séquences dramatiques. Les loufoqueries initiales laissent en effet rapidement place à des séquences plus émouvantes à mesure que la (dure) réalité de la guerre rattrape le héros. C’est dans ce savant mélange de comédie absurde et d’émotion poignante que l’œuvre puise toute sa force.


Bien sûr, la proposition est tellement singulière, et l’équilibre tellement précaire, que l’adhésion n’est pas forcément immédiate, ni même garantie d’ailleurs. De plus, si la finalité de l’approche est louable, la démarche du réalisateur manque parfois un peu de subtilité, tant dans l’écriture que dans l’esthétique. En clair, il arrive que l’intention d’une scène soit tellement perceptible qu’elle prenne le pas sur l’authenticité, et amoindrisse de ce fait son efficacité. Heureusement, ce relatif manque de sincérité est entièrement contrebalancé par l’excellente performance du casting. En particulier le jeune Roman Griffin Davis, incroyable de pureté et d’innocence dans la peau de Jojo. A ses côtés, outre les talentueux Sam Rockwell et Scarlett Johansson, à nouveau impeccables, ou le fantasque Taiki Waititi, hilarant dans une version revisitée du Führer, on retiendra principalement la jolie prestation de Thomasin McKenzie. Révélée dans le fabuleux Leave No Trace il y a 2 ans, l’actrice néo-zélandaise affiche à nouveau une belle sensibilité. Enfin, mention spéciale également à la magnifique photographie, vectrice d’images lumineuses qui contrastent joliment avec le contexte de l’histoire.


Entre humour loufoque et émotion poignante, Jojo Rabbit s’impose donc comme une comédie dramatique tendre, drôle et touchante sur la perte de l’innocence en plein régime nazi. Emmené par un casting impérial, Roman Griffin Davis et Thomasin McKenzie notamment, le film compense son relatif manque de subtilité par une originalité de ton et de traitement débordante. A voir !


https://cinerama7art.com/2020/02/06/critique-jojo-rabbit/

Wolvy128
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le 6 févr. 2020

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