Non, Todd Phillips n'a toujours pas réussi à réaliser un bon film.
Non, Joker ne peut décemment pas se réclamer de Taxi Driver ou encore Des Valseuses.
Non, Joker n'est pas ce film choc, irrévérencieux, violent, amoral que l'on nous a vendu ici et là.
Il s'agit tout juste d'un tour de manège, un tour de passe-passe bien foutu et marqué par la performance XXL d'un Joaquin Phoenix qui peut se targuer de tenir le film à lui tout seul.
Le film force le sensationnel, s'efforce de noircir la destinée d'Arthur Fleck tout en lui assurant une trajectoire ne s'écartant jamais trop d'un développement compatible avec un visionnage grand public.
Car au fond, c'est bien ce qu'est ce Joker, un produit mainstream commandé par DC Entertainment qui fait ici un pas de côté via sa nouvelle filiale DC Dark/Black, cherchant à développer une nouvelle approche suite aux catastrophes cinématographiques que sont Suicide Squad, Wonder Woman ou Justice League.
Pari réussi, le film a dépassé le milliard de dollars de recettes, ce qu'aucun des trois films susmentionnés n'était parvenu à faire malgré les centaines de millions engagés pour les frais de réalisation.
Résultat des courses, Joker passe davantage de temps à forcer le lien avec l'univers DC Comics et celui de Batman qu'à développer une approche particulièrement sombre ou inquiétante.
On reste toujours en surface, en zone de confort et Todd Phillips fait tout pour qu'on ne plonge jamais réellement dans l'antre de la folie.
Arthur Fleck rit. Une fois, deux fois, trois fois, mille fois. Et c'est à peu près tout ce qui détermine son caractère psychotique.
C'est donc ça être fou ?
C'est donc comme ça qu'on devient Joker ?
Ajoutons la faiblesse du développement sur la thématique social que le film effleure timidement et avec une pudeur de tous les saints.
C'est tellement peu travaillé qu'on se demande pourquoi Todd Phillips a tenu à intégrer cette dimension au film. On a là à des années-lumières de Parasite, film immédiatement contemporain de Joker et au combien plus puissant sur ce thème.
Enfin, une interrogation. Dans certaines tribunes, on a pu lire que le film était un appel clair à l'insurrection et à la violence...
Mais où au juste ? Dans les 3 dernières minutes des 2 heures que compte le film ?
Non vraiment, rien qui puisse nous angoisser, rien qui puisse nous faire vaciller.
Rien non plus qui puisse nous interroger, nous interpeller, nous faire réfléchir.
Rien qui puisse nous sublimer ou nous apostropher.
Tout juste un divertissement qui restitue généreusement le côté crade, puant et poisseux de la fictive Gotham City. Le tout soutenu par une performance d'acteur remarquée car remarquable.
Point barre.
En gros, rien qui ne justifie de susciter le déferlement de retours positifs voire dithyrambiques qui ont circulé autour du film.
Bon, c'est sûr c'est mieux que Starsky et Hutch ou la trilogie The Hangover. Dans ce sens Todd Phillips s'améliore et on l'en félicite. De là à gagner un Lion d'Or...