... ça peut marcher. Ben non.
Ma critique contient des spoliers.
Oublions les comics dont le réalisateur ne revendique pas l’inspiration.
Le Joker, c’est l’histoire d’un gentil barjot qui veut faire rire les gens et attirer l’attention (premier enjeu) ensuite ce gentil barjot va découvrir qu’il est le fils caché de Thomas Wayne (deuxième enjeu).
Les deux enjeux ne se rencontrent jamais, pire, la quête du père ne mène nul part et prend fin très vite.
On comprend que ce Joker a peu de chance de faire rire grand monde et que le film sera une descente en enfer. Sauf que problème, comment faire creuser plus profond un personnage qui est déjà au fond du trou ? Le Joker est barjot du début à la fin, on ne voit aucune évolution dans son comportement. On croit alors difficilement à sa relation avec la voisine (qui aurait pu devenir sa Evy - voir V pour Vendetta) et on ne développe aucune empathie pour lui.
Un soir ce pauvre type tue trois imbéciles et déclenche, sur un malentendu, la lutte des pauvres contre les riches. Puis il bute un de ses potes (séquence sympathique, à la sauce very bad trip, mais sans utilité) et se rend à l’émission de De Niro (qui se fout de sa gueule depuis le début du film) et le flingue. Et encore une fois, sur un malentendu, il est érigé par la foule comme un martyr. On l’imagine mal devenir le leader de la lutte des méchants pauvres contre les méchants riches. A aucun moment il n’est présenté comme particulièrement intelligent. Il est pitoyable. Ce qui découle de ses actions n’a jamais été prémédité.
Et puis le film prend fin. Le héros a d’une certaine manière, accompli son enjeu principal. Mais dans quel but ? On ne saura pas. Sauf si vous êtes un lecteur de comics.
Joaquin Phoenix est un très bon acteur mais la partition qu’on lui donne est trop faible pour nous toucher. Il cabotine à plusieurs reprises et certaines séquences dramatiques deviennent drôles.
La réalisation et le scénario ne sont pas à la hauteur de son talent. La photographie est superbe mais le film ressemble à un Scorsese sans âme. On ne ressent pas la pâte et le point de vue du metteur en scène. A la grande différence des batmans de Nolan et Burton.
Bref, il y a encore beaucoup de choses à dires sur les problèmes de scénario de ce Joker 2019. Le risque qu’il engendre une flopée de films DC calibrés à la fausse sauce artistique est grand.