Vous êtes dans le hall du cinéma Gaumontparnasse et vous hésitez entre vingt films... votre petite copine a envie d'aller voir "Mon chien stupide" et vous vous avez envie de voir JOKER. N'hésitez pas une seconde et entraînez de force cette jeune écervelée voir le film de Todd Philips avec vous. Dites-lui que Nat King Cole chante dans le film, que si elle s'en fout, dites lui que le film a eu le Lion d'or à la Mostra de Venise... si elle vous répond : "Au lit on dort, ah, ah, ah", proposez-lui de payer les pop-corn et si elle veut toujours voir Yvan Attal et Charlotte Gainsbourg, promettez-lui que si elle céde, ce soir, après le film, vous serez un Dieu au plumard.
JOKER est film incroyable, cruel et pessimiste, il ne manque que Jack Nicholson pour croiser le fer avec Joachim Phoenix. Il aurait pu jouer le rôle de Thomas Wayne. Son absence ne retire rien aux qualités extraordinaires de ce long métrage puisque Robert de Niro hante la distribution de ce film. Sa présence dans quelque chose de fort après tant d'années mérite d'être signalée. ) Pour en revenir à l'acteur principal qui endosse le rôle après César Romero, Jack Nicholson, Heath Ledger, Jared Lero, Mark Hammil (dessin animé) le Joker est cinématographiquement un très bon personnage, un personnage hors norme, il jouit d'une liberté totale à l'écran, c'est un monstre, il peut faire ce qu'il veut. La folie qui l'accompagne (Champagne) et qui ne la quittera jamais est effrayante et pour des metteur en scène comme Tim Burton, Christopher Nolan ou Todd Philips, les possibilités sont immenses. Todd Philips le réalisateur s'interresse depuis longtemps aux comportements excessifs, aux tordus, aux gens pas comme les autres. (Les Very Bad Trip avec l'immense Zach Galifianakis ainsi que quelques documentaires punk visibles sur You Tube en sont la preuve). Il ne va pas s'arrêter avec ce film dont on devine qu'une suite se prépare à la vue des dernières images. Il s'est entouré de quelques fidèles à la photographie et aux décors. L'ambiance de Gotham City est vraiment flippante car si proche de nous. On retrouve l'atmosphère pesante des bandes dessinées de Frank Miller. L'ensemble du film donne un sérieux coup de vieux à Orange mécanique... cinquante ans ont passé depuis le chef-d'oeuvre apocalyptique de Stanley Kubrick avec Malcolm Mc Dowell, il fallait bien que quelque chose le remplace.
Glaçant par sa modernité, JOKER pose les jalons d'un nouvel expressionnisme, comme avait su le faire en son temps Fritz Lang avec Métropolis et M le Maudit. Ce n'est pas trop tard. Donc voilà un film qu'il ne faut pas avoir peur d'aller voir. N'écoutez pas votre petite amie, elle aimera le film.