Disclaimer : ATTENTION SPOILERS ! Et ceci est ma première critique ????
Vu lors d’une sombre soirée de novembre (HOOOOOOOOOOOOU !). Ce film n’a cessé de me surprendre tout au long des 2h02 passées dans la salle de cinéma.
Gotham City, dans les années 1980. C’est dans cette ville au bord de l’implosion que l’histoire se déroule. Gotham est en proie à la crise sociale, sanitaire et financière ; et menace de devenir une ville de non-droit, prisonnière des griffes de l’anarchie.
C’est dans un appartement miteux que vit Arthur FLECK avec sa mère, Penny. Arthur, surnommé « Joyeux » par Penny, souffre de troubles mentaux se manifestant par des rires spasmodiques pouvant survenir à n’importe quel moment. Penny a donné pour mission à son fils de « donner le sourire et de faire rire les gens dans ce monde sombre et froid ». Cette mission, Arthur la prend à cœur et rêve donc de devenir humoriste. Mais, cette mission se révèle difficile à accomplir dans une société qui le rejette, lui et sa maladie : « Le pire quand tu as une maladie mentale c’est que les gens aimeraient que tu fasses comme si tu n’avais rien ».
Le Joker de Todd Philipps comporte de nombreux atouts, outre le spectaculaire jeu d’acteur de Joaquin PHOENIX. Les confusions entre hallucinations et réalité sont une véritable réussite. Le réalisateur joue avec nos émotions avec des phases ascendantes, marquées par l’espoir et des phases descendantes dans lesquelles le spectateur voit ses espoirs d’un quotidien moins morose pour Arthur, s’envoler.
Certes, l’histoire d’amour avec Sophie paraît étrange car on se demande bien ce qui peut réunir une mère célibataire et un homme malade et dépendant de sa mère. Et pourtant, on a envie d’y croire car Sophie épaule Arthur dans les difficultés de la vie de ce dernier. On se rend vite compte que c’était une pure invention d’Arthur et on en est déçu pour lui car on avait vraiment envie de croire à cette idylle. De plus, j’ai bien cru pendant une grande partie du film qu’Arthur était potentiellement le fils illégitime du maire. Sans pour autant espérer que le maire ouvre grand sa porte à ce prétendu fils illégitime, au moins aurait-il pu soutenir financièrement Penny et Arthur pour être tranquille et éviter un scandale médiatique. Mais là encore, on déchante et on s’aperçoit que cette paternité n’est que pure fabulation de Penny
. Ensuite, Todd Philipps présente un personnage principal ambivalent et très souvent, on est partagé entre la compassion et la crainte qu’inspire Le Joker. Le réalisateur ne semble pas avoir voulu mettre en scène un pur criminel sanguinaire tuant au hasard.
Il semblerait plutôt qu’il s’agisse d’une succession d’accomplissements de vengeance : les 3 traders dans le métro, Randall, Murray et son assistante… Le Joker ne prémédite pas ses meurtres et agit sur l’instant. Arthur s’en prend à ceux qui lui ont fait du mal et épargne ceux qui ne lui ont jamais rien fait. Même si une zone d’ombre est présente autour du sort de Sophie dont on entend plus parler jusqu’à la fin du film, je ne suis pas convaincue qu’Arthur l’ait tuée car elle s’est toujours montrée gentille et bienveillante à son égard. Enfin, de nombreuses zones d’ombres persistent dans le film et elles lui prodiguent un charme unique. Finalement, on ignore tout de l’identité des parents biologiques d’Arthur, de la nature de la relation passée entre Penny et l’actuel maire, l’identité du tueur des parents de Bruce WAYNE, l’existence ou non de la préméditation des actes du Joker sur le plateau de Murray…
Malheureusement, et c’est le seul défaut que je trouverais à ce film, c’est qu’une des zones d’ombre du film tombe carrément dans l’incohérence. La scène ayant eu lieu à l’asile d’Arkham m’avait quelque peu laissée perplexe. Certains pourront estimer que cela relève du détail.
Mais, j’estime que la scène dans laquelle Arthur se rend à l’asile pour avoir le dossier psychiatrique de Penny est une scène clé car elle va impulser le matricide. L’enchaînement des faits parait trop simple… Comment se fait-il qu’Arthur arrive à entrer dans un asile aussi facilement, alors qu’il n’a personne à qui rendre visite ? Comment est-ce possible que « Joyeux » parvienne, en plus, à obtenir des renseignements sur un dossier psychiatrique sans même avoir prouvé qu’il était le fils de Penny ?
Il s’agit tout de même d’une scène cruciale dans le film et j’ai trouvé cette scène défectueuse.
Pour conclure, le Joker est un film qui ne peut susciter l’indifférence. Le réalisateur met tout en œuvre pour créer une atmosphère oppressante, notamment quand « Joyeux » descend bruyamment les escaliers métalliques. Pendant 2h, je suis restée en permanence dans la crainte de ce qui allait arriver par la suite. Je pense donc que ce film est une grande réussite et mérite largement une note de 8/10.