Jour de fête est une jolie petite comédie rurale (en Noir et Blanc... et en Couleur d'origine) réalisé par Jacques Tati, coécrite par Henri Marquet et René Wheeler sur une musique composée par Jean Yatove... qui met en scéne un jour de fête dans un petit village berrichon, les mésaventures de François, le facteur (Jacques Tati) qui après avoir assisté à la projection d'un film sur son métier tel qu'on le pratique en Amérique, il entreprend, sur sa vieille bicyclette, une tournée intempestive... sous les yeux des forains, Marcel et Roger (joués par Paul Frankeur et Guy Decomble... les deux seuls acteurs professionnels du film), monter leurs manèges sur la place... tout en le taquinant...
Jour de fête aurait dû être un des premiers films français en couleur de l'après-guerre, avec Le Mariage de Ramuntcho (1947) de Max de Vaucorbeil, tourné avec des stocks d'Agfacolor récupérés après la Libération, et La Belle Meunière de Marcel Pagnol (procédé additif Rouxcolor)... Car la société Thomson-Houston avait proposé à Tati d'utiliser un nouveau procédé, baptisé Thomsoncolor, pour lequel elle fournissait pellicule et assistance technique... mais sur les conseils du chef opérateur Jacques Mercanton, les prises de vue en couleur furent heureusement « doublées » avec des prises simultanées en noir et blanc, ce qui sauva le film, puisque Thomson s'avéra incapable de tirer des copies couleur d'après le matériel original... En 1961, à la demande de Bruno Coquatrix, Jacques Tati qui regretta toujours de ne pas pouvoir présenter son œuvre en couleur, présente Jour de fête à l'Olympia, un spectacle combinant des scènes de music-hall et la projection d'extraits de son film. À cette occasion, certaines scènes sont partiellement coloriées par un procédé dit au pochoir.... Une expérience qui l'encourage à ressortir une nouvelle version du film, comportant des inserts de couleurs... laquelle sera visible en 1964... avec des séquences retournées comportant un nouveau personnage : un peintre qui fait office de narrateur, et justifie l'arrivée de la couleur dans le film...
Mais l'histoire ne s'arrête pas là... car Sophie Tatischeff, monteuse et fille de Jacques Tati, et François Ede, chef opérateur, entament en 1988, un minutieux travail de restauration et de montage à partir du matériel original qui avait été conservé.... avec un système optique qui permet d'obtenir la restitution des couleurs (reconstitué), qui permet, plus de quarante ans après le tournage, de retrouver les couleurs d'origine... Cette version inédite est présentée le 11 janvier 1995, en ouverture de la célébration du centenaire du cinéma...
Quant au long métrage dont le personnage principal avait été créé dans le court métrage L'École des facteurs (Tournée en 1946), est sans aucun doute l'une des plus belle chronique rurale (avec le documentaire Farrebique réalisé par Georges Rouquier en 1946...) qui a obtenu (très justement) le Prix du meilleur scénario à la Mostra de Venise et le Grand prix du cinéma français...
Enfin bref, pour son premier long métrage, Jacques Tati signe un joli petit coup maitre... en attendant ses autres grands films (Les Vacances de monsieur Hulot et Mon oncle) et son chef d'oeuvre : Playtime... Un grand cinéaste est née... malgré l'avis de François Truffaut qui le pensait, a cette période comme un réalisateur de comédies poussives.