On ne change pas une équipe qui gagne. Lawrence – De Niro – Cooper. Trois noms qui figuraient déjà dans Happiness Therapy, l’excellente comédie sulfureuse de 2013 de David O. Russell. Ce dernier reprend la même composition pour nous narrer le destin de Joy, jeune femme prête à tout pour réussir. Malgré une famille désaxée. En dépit d’une difficile condition de la femme. Et sans compter tous les coups fourrés et injustices que la société porte en son sein.


New-yorkais, O. Russell a très souvent exploré la société américaine à travers ses films. L’immigration (Fighter), la guerre du Golfe (Les rois du désert) ou l’affaire Abscam (American Bluff) en sont de parfaites représentations. Avec Joy, le réalisateur continue d’ériger de petites histoires pour comprendre la grande. Pourvu d’un début quelque peu timide et manquant de rythme, le récit arrive à se lancer grâce aux épaules solides de Jennifer Lawrence. À 25 ans, l’actrice continue de bluffer tout le monde en incarnant par un jeu total son rôle le plus mature de sa (jeune) carrière.


Le cinéaste n’avait pas autant recentré sa narration depuis longtemps. Alors qu’il s’était égaré en voulant trop en faire dans American Bluff, celui-ci resserre ici son intrigue sur un seul personnage. On appréhende alors parfaitement les enjeux de cette femme, souvent le genou à terre mais la tête haute, toujours. Malgré cette mutation intéressante, le travail d’O. Russell se reconnait parmi mille avec son fameux caractère « choral ». Les nombreux membres de sa famille édifient la toile de fond du scénario, mais ils apparaissent plus comme des objets que comme de véritables matières vivantes. Leurs liens avec Joy ne sont pas assez soignés ni approfondis.


Il n’empêche que le propos de cette œuvre reste fort et arrive à tenir sur toute la longueur. En intervenant en plein centre du film, Bradley Cooper permet à l’œuvre de changer légèrement de cap. Le monde ouvre ses portes à Joy, qui délaisse peu à peu l’intimité de son cocon familial. En ressort une production progressive, qui prend son temps pour laisser s’épanouir une héroïne qu’on ne voit pas assez souvent sur grand écran.


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Hugo_Harnois_Kr
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le 13 janv. 2016

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Hugo Harnois

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