Bresson critiquait la pratique par les cinéastes du "théâtre filmé", qui gâchait autant le théâtre que le film. Je ne suis pas forcément d'accord mais je n'ai pas pu m'empêcher de penser à lui en voyant ce roman dont on dirait presque qu'on a filmé les pages une par une.
Tout y est mécanique : la narration, orchestrée par une voix-off plan-plan au possible, comme les acteurs, pas détestables du tout mais si peu intéressants. Mécanique aussi l'enchaînements des plans, comme Catherine le métronome qui oscille inlassablement entre ses deux jules (badum tsss).
Dans cette mécanique huilée comme il faut (ce qui ne l'empêche pas d'être inintéressante), se glissent quelques grains de sable heureux comme la musique de Delerue, le Tourbillon de la vie, ou quelques scènes où Truffaut semble se souvenir de l'existence de sa table de montage, scènes qui brillent mais qui brillent seulement comme peuvent briller des tessons de bouteilles mats sur du sable gris.
Malheureusement, d'autres grains de sable pas aussi heureux se glissent aussi dans l'engrenage. Ainsi les images d'archives et les deux-trois titres en blanc et dans une typo complètement incongrue semblent hors de propos, jusqu'à ce qu'on tombe sur la séquence finale, qui n'a juste rien à faire là.
Un film à connaître, reconnaître, puis à perdre de vue sans le retrouver.
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