Jumanji sans maji

Jumanji revient, et c'est sous la forme d'un jeu vidéo qui aspire les joueurs à l'intérieur de sa jungle. L'idée est intéressante. Mais sa mise en oeuvre n'est pas très réussie, à cause de deux problèmes principaux : les personnages et le jeu lui-même.

Parlons d'abord un peu des personnages. Que les avatars des joueurs soient des archétypes n'est pas un souci en soi, c'est un jeu vidéo après tout. Mais comme la bande d'adolescents est de base très clichée, le contraste fonctionne qu'à moitié : on a assez peu de différences entre Jumanji et la réalité —sauf que tous les traits de caractères sont inversés—. Les performances d'acteurs sont honorables, mais quand un personnage cliché joue un autre personnage cliché, le résultat est un peu mitigé. De l'autre côté du spectre, l'antagoniste est parfaitement oubliable et loin d'être aussi charismatique que le chasseur du film original.

L'autre problème du film est son rapport au jeu. Dans l'original, comprendre les règles de Jumanji était un défi à part entière. De plus, comme le jeu de plateau modifiait la réalité, on ne savait jamais à quoi s'attendre : Jumanji nous surprenait en permanence. Ici, tout est trop évident, trop balisé. Les personnages ont des forces et des faiblesses déjà définies, une complémentarité rigide, le jeu s'organise par niveaux, les personnages ont des vies, les PNJ ont des réponses programmées, etc. In fine, on a l'impression de regarder un let's play de Far Cry. Petit souci d'écriture également : parfois on a le droit à des cinématiques dont les joueurs ont conscience... et parfois non.

Le film est malgré tout assez drôle, en particulier grâce à The Rock et Jack Black, même s'il y a des longueurs, surtout vers la fin.

Bref, ce Jumanji 2.0 est loin d'être un incontournable car il perd ce qui faisait la magie du premier film. Mais si vous voulez rire un coup sans vous prendre la tête, alors pourquoi pas.