C'est l'histoire d'une jeune femme qui tombe amoureuse de l'attraction d'une foire.
Comme ça, l'idée pourrait paraître ridicule et moqueuse. Cependant, Zoé Wittock traite son sujet avec une telle bienveillance envers ce réel trouble que se dégage de Jumbo une douce et touchante mélancolie, à condition de faire un minimum preuve d'ouverture d'esprit. Le cadre et l'esthétique du long-métrage sont traités avec autant de beauté que son la narration et le rythme. L'oeuvre en ressort particulièrement prégnante et offre au cinéma français une autre oeuvre originale loin, très loin du cinéma populaire industriel que certains aiment à identifier comme le seul cinéma hexagonal existant. Cela dit, et même si cela ne change rien au propos, nous sommes sur une co-prod belge et luxembourgeoise.
Pour revenir sur la manière dont est traité le sujet dans son esthétique, Jumbo, la fameuse machine prend vie d'une manière assez inattendue. Jumbo est humanisé lorsque Jeanne, le personnage central, entre en contact avec. En ressort une imagerie hypnotique et une sensualité qui place directement le spectateur en empathie avec Jeanne. Noémie Mérlant incarne cette jeune adulte en pleine crise identitaire avec une incroyable maîtrise. Subtile, touchante, pour une relation jamais dérangeante.
Si l'empathie vient du fait que le spectateur se sent coincé dans la triste réalité de la maladie, la pureté de la relation entre Jeanne et Jumbo prend le pas sur tout le reste qui devient vite futilité. On en vient parfois à prendre la mère du personnage en grippe dans son soutien très limité envers sa fille, même si, paradoxalement, on comprend parfaitement sa réaction et son envie de la "guérir". La mère est incarnée par la merveilleuse Emmanuelle Bercot qui porte une partie du film et de la dualité qui se joue dans l'esprit du spectateur.
Jumbo, sans être irréprochable, traite son propos avec bienveillance tout en étant enveloppé d'une réalisation hypnotique empreinte d'érotisme.