Il devient difficile de composer des "space opera" sans tomber dans des épures scénaristiques depuis trop longtemps devenus sujets à la controverse car trop impuissantes.

Le principal défaut de "Jupiter" réside dans le choix des Wachowski de supplanter l'histoire et la caractérisation des personnages au profit de l'enchaînement d'actions (les combats ou les prises de décisions de Jupiter, Caine ou Belam qui engendrent les péripéties). Ceux-ci sont survolés de façon assez outrageante compte tenu du fait que passer 2 heures en compagnie des héros du film sans avoir assez de background pour pouvoir les apprécier est assez handicapant et très énervant. Caine est un hybride humain/canin qui a perdu sa meute suite à une enfance difficile et une constitution frêle, il se bat pour rester en vie et acquit une renommée à l'échelle universelle, ça en fait de la matière. Et pourtant, son histoire nous est racontée en 1min30 montre en main par une voix off d'un personnage en hors-champ dont tout le monde se fiche car lui aussi ne bénéficie pas de bagage suffisant pour provoquer en nous un intérêt à la hauteur de sa place dans l'histoire. C'est quand même celui qui en sait le plus sur le héros, qui le connait depuis toujours et a souffert du même châtiment corporel suite à un sacrifice de sa part. Un potentiel narratif et dramaturgique énorme qui finit en pétard mouillé le temps d'une explication à la va-vite. L'intronisation des personnages se fait rapidement et leur construction/évolution tout au long du film est assez faiblarde, ne tenant qu'à des dialogues sans goûts et des situations qui se devinent une demi-heure avant.

Tout repose sur les effets visuels certes abondants et bien ficelés mais qui ne suffisent pas à porter le film au delà du simple divertissement quasi-enfantin. Les tôles se froissent et les étincelles crépitent mais visiblement pas assez pour remplacer une écriture décevante qui aurait pu transformer cette réunion de stéréotypes filmiques en grande épopée à grand renfort de bande-sonore grandiose.

Créée

le 13 févr. 2015

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