Le pitch est simple : Un couple se retrouve dans le bureau du juge des affaires familiales afin qu'elle décide de la garde du fils cadet. On comprend alors que la femme (Lea Drucker), ainsi que l'enfant (Thomas Gioria), accuse le mari (Denis Ménochet) de violence conjugale mais le juge faisant fie de ces déclarations décident d'octroyer une garde alternée...
Phénomène lors du festival de Venise, on a trop entendu parler de ce film. Trop car l'attente était démesurée face à un premier film et trop car le plein d'informations m'a gâché un peu mon plaisir de découverte.
Je pense que ce 7 doit facilement se transformer en 8 si vous ne savez rien du film.
D'un autre coté il est vrai qu'il est compliqué de pitcher ou critiquer Jusqu'à la garde sans en atténuer la force.
Si vous ne savez rien du film, je vous conseille donc de vous arrêter à ce moment de la lecture.
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Le film est très juste dans sa description de la déliquescence d'un homme et des mécanismes de bascule dans la folie, l'irrationnel. La tension entre les personnages est parfaitement retranscrite et l'escalade dans la violence, tant verbale que physique, fait réellement monter en pression le spectateur, jusqu'à un final réellement suffocant et parfaitement exécuté.
Je regrette néanmoins la trop faible longueur du film. Je pense que le film aurait encore pu gagner en puissance en développant encore un peu plus la relation père/fils notamment. Les acteurs sont parfaits mais pour moi il y a un problème concernant les 2 enfants qui gravitent autour du couple. Le fils n'existe que pour protéger sa mère et donc n'existe que par opposition à ce père tyrannique. Oui très bien mais sinon ? (il a rayé le nom et coordonnées de son père de son carnet de correspondance, voila la seule chose que l'on apprend de lui).
La sœur quant à elle, n'est représentée que par sa relation de couple, qu'elle vit désormais à distance avec son copain. Je comprend la volonté de ne porter aucun jugement sur les personnages et de les filmer comme au quotidien (ce que Xavier Legrand fait très bien) mais dans ce cas la pourquoi n'avoir pas fait du fils un enfant unique ? Pour conserver l'anniversaire de la sœur comme fil rouge et élément déclencheur ?
C'est assez dommage car, encore une fois, tous les acteurs sont excellents (mention spéciale à Denis Ménochet, juste parfait en ogre délaissé), la technique est bluffante pour un premier film (le plan séquence du tribunal ou de la recherche de l'appartement de Lea Drucker sont brillants), la bascule brutale en un quasi thriller est anxiogène au possible.
Cela reste un bon film et une belle promesse pour le cinéma Français.