Il n’y a pas de sot métier.
Tout le monde ne peut pas être docteur ou avocat.
Kevin, lui, il est fermier. Pas par vocation non. Pas même par tradition familiale. Il est fermier parce que sa femme lui a vivement suggéré. Imposé, oui, c’est le mot.
Ce n’est pas si mal fermier. Une vie simple, avec de vraies valeurs. Et la satisfaction de nourrir le monde. Il a un vrai talent en plus au vu du travail qu’il abat avec un simple tracteur. Pas de quoi se plaindre.
Pourtant, crise de la quarantaine oblige, Kevin est insatisfait. Il se prend à rêver à une vie plus riche, plus folle.
Il rêve de danser avec des loups. Il rêve d’avoir les pieds palmés et un catamaran. Il rêve d’être garde côtes et de sauver des vies.
Trop présomptueux. Il est trop vieux pour ces trucs là. Reste raisonnable vieux, réalise un rêve à ta mesure.
Pourquoi pas agent sportif pour macchabées ?
En voilà une bonne idée. Kevin a déjà les bases, merci Papa et désolé de n’avoir pas eu le temps de te remercier de ton vivant.
De toute façon c’est ça ou perdre la boule. Le pauvre Kevin entend déjà des voix et est la risée de la classe paysanne. Ou est-ce à cause de ces chemises trop grandes et mal ajustées ? Autant pour les vraies valeurs.
Evidemment, il y a un hic. Le hic est roux, beauf, et veut dépouiller le brave fermier de ses biens.
Il est à noter que, malgré ses innombrables talents, Kevin joue fort mal la comédie. Il est même assez ridicule par moment. Pas démonstratif pour un sous, il nous gratifie d’un masque de dure froideur de la première à la dernière minute du film. C’est sans doute le caractère de la campagne. On n’est pas des chochottes dans l’Iowa profond. Il faut bien plus qu’un voyage temporel pour dérider un vieux travailleur de la terre comme lui.
Hélas, la propension du réalisateur à se régaler de plans serrés laissant peu de liberté à ses acteurs fait ressortir ce type de faiblesses. Heureusement pour lui, ce dernier se rattrape occasionnellement par quelques fulgurances que tout esthète saura apprécier, quelques très beaux plans, jolis travellings et une bien belle scène finale.
Kevin aurait peut-être mieux fait de se casser une patte ou de se laisser pousser les palmes le jour où il a décidé d’écouter ses voix. Ou de se faire interner.
Potentiellement larmoyant, ce film s’avère avant tout absurde et peu inventif.
Mais on l’aime bien Kevin, il a ce petit quelque chose d’attachant, cet air sincère du bon fermier, du type franc et honnête. On y croirait presque à son histoire.
A la fin, même le roux y croit. C’est dire s’il est doué ce Kevin.