Retour de Louis, célèbre auteur trentenaire résidant au Canada, dans sa famille, après 12 ans d'absence. Il revient pour parler à sa famille et leur annoncer une terrible nouvelle.
Le film est cet ensemble de portraits, autant les personnalités tranchées des membres de la famille que les plans serrés de la caméra. Elle nous plonge dans le bleu profond des yeux de Louis, interprété par Gaspard Ulliel, dont on ne peut que difficilement résister au charme tragique.
Nous sommes comme Louis, pris au milieu des non-dits, des règlements de compte, la violence verbale, les cris, entrecoupés de silence morbides. Ambiance bouillonnante, symbolisée par la chaleur étouffante de l'été, les fronts suants.
Il s'agit autant de l'adaptation de la pièce de théâtre de Jean-Luc Lagarce écrite à Berlin en 1990 que l'illustration du poème d'Aragon "Il n'y a pas d'amour heureux", de 1943. On est sans cesse en équilibre entre l'Enfer et le Paradis au sein de cette famille : au côté de l'amour fraternel destructeur et violent, il y a des souvenirs de sorties dominicales à mourir de rire.
Dolan a su retranscrire avec force les aléas de la communication entre tous ces personnages : elle est un effort assommant pour Louis, une arme déconcertante pour son frère, une attente déçue pour sa soeur, une conviction réconfortante pour la mère, une pente glissante pour la belle-soeur, en bref : une clé qui n'ouvre pas de porte.
Enfin, la musique de Dolan, tout un poème, comme d'habitude. Avec une mention spéciale pour "Une miss s'immisce" de Exotica, remix de la chanson éponyme de Françoise Hardy.