Au travers de cette œuvre d’une réalité brutale, quoiqu’on ne puisse pas omettre son côté mystique, le réalisateur dépeint ce qu’il connaît de mieux : les relations familiales et la recherche d’identité.


Au centre de l’intrigue, le personnage magistralement interprété par Gaspard Ulliel a quitté il y a des années le cocon familial. Il est désormais, autant par ses expériences professionnelles (il écrit des pièces) que par sa découverte sexuelle, extrêmement différent des autres membres de sa famille qui eux sont reste.


Ce jeune homme a la force tranquille et respire l’intelligence, c’est ce qui le rend si attachant, et c’est ce qui rend sa mort imminente si tragique. Tous les autres personnages ont également une personnalité très marquée, mais tout tourne autour de l’enfant prodigue, artiste accompli, bien dans sa peau, s’étant trouvé lui-même.


Parmi eux, il y a Vincent Cassel qui ne laisse transparaître aucune sensibilité. Virile et impulsif, il est complexe par la vie qu’il aurait aimé avoir, alors que son petit frère, lui, est parti s’exiler au bon moment et a pris le risque que personne n’a osé prendre. Il y a Léa Seydoux en sœur plus douce mais caractériel par moment. Elle est attachante. Il y a également Nathalie Baye, véritable mère juive, mais qui a tendance à toujours en faire trop, soit pour attirer l’attention sur elle ou pour donner de l’importance à un moment qui n’en a pas. Enfin il y a Marion Cotillard, pièce détachée de la famille via Cassel, elle est très innocente, une innocence qui oscille entre timidité et ignorance, ce qui marque un contraste assez important par rapport aux autres protagonistes, moins apaisées disons.


Si je ne devais retenir qu’une scène, je retiendrais ce long jeu de regard entre Cotillard (étrangère à ces tensions familiales qui ressurgissent) et Ulliel au début du film, moment de flottement et de prise de conscience du détachement familial de ce dernier. Elle est absolument hypnotisante, autant sur la forme que sur ce qu’elle raconte. Il ne faut pas aller chercher loin avec Dolan, à essayer de chercher une signification lointaine a une scène qui est pourtant plus à notre portée qu’on pourrait le croire, mais plutôt s’efforcer de comprendre ce qu’il veut nous raconter, de manière simple mais brutale, directe et surtout ingénieuse.

matteop
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le 28 juin 2021

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matteop

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