Ce soir, je suis retournée voir "Juste la fin du monde" de Dolan, pour la deuxième fois...
On va pas se mentir, déjà parce que j'ai vraiment adoré la première fois et que quand j'aime quelque chose à ce point cela peut tourner ( à l'obsession) en boucle pendant un long moment et avoir une place unique dans mon quotidien pendant le temps de la passion; mais aussi parce que je pense que les films de Xavier Dolan, il faut les voir au moins deux fois...
La première fois, j'ai été happée, scotchée, estomaquée; que de l'empirique ou presque.
J'ai ressenti tellement de violence (comme dans tous ses films d'ailleurs), que j'en ai eu les tripes retournées. Et c'est en général un peu cela que j'attend du cinéma (ou de la littérature); du sublime à l'extrême et de la violence pour me faire sortir hors de moi, pour me "mettre l'âme à l'envers" (expression empruntée à un film shyamalan et si chère à mon coeur) au prime abord.
D'ailleurs il n'y a pas si longtemps, j'ai lu quelque chose de Roland Jacquard .
Il disait :
"On ne pleure jamais que sur soi. Et certains films sont comme des rendez-vous avec notre histoire personnelle. Non seulement nous y retrouvons notre passé, mais nous y lisons notre avenir. Ils nous traversent de part en part et parfois, nous arrachent des torrents de larmes. "
J'avais trouvé cela d'un bon sens incroyable et cela avait mis des mots sur une sensation que je ne parvenais pas à définir...
C'est peut être, en partie, pour cette raison que ce film (et d'autres du même réalisateur, mais surtout celui-ci) m'a autant touchée.
J'ai tout ressenti dans mon ventre, dans ma gorge; j'ai eu toute cette violence comme une vague qui s'engouffrait en moi, toute cette souffrance de non dits qui ravivait mes propres plaies à peine pansées... La tension qui s'accroit au fur et à mesure du film m'était si familière et qu'elle soit si fidèle à mon vécu, cela m'a bouleversée.
Après le côté émotionnel, il y a un peu de cérébral aussi, de réflexion d'ordre cinématographique, philosophique (à mon niveau), j'en passe et des meilleures.
Et je pense que le matériau de base de ce film, la pièce de théâtre de Lagarce est un petit bijou d'écriture. Je n'ai pas lu la pièce et je pense d'ailleurs que je n'aurais pas envie de la lire (bêtement ?) parce que je veux continuer à coller tous ces mots qui sonnent si justes à l'univers de Dolan.
Un univers qui me transporte totalement. Dolan a ce don pour alterner des moments contemplatifs avec des musiques (kitchissimes mais qui soudain se pâment de poésie et de légitimité; bon sang comment réussi t'il à le faire aussi bien ?!) envoûtantes, des moments d'actions brutales et latérales, des moments introspectifs (cette voix off de gaspard ulliel sublime...), des scènes de dialogues où le jeu des acteur est vraiment parfait...
J'ai toujours eu beaucoup de mal avec Léa Seydoux et Marion Cotillard, et Dolan a réussi à me réconcilier avec elles.
Le seul minuscule bémol que je pourrais avancer (et encore), c'est qu'à mon goût on ressent parfois un peu trop le dialogue comme une pièce de théâtre alors qu'il s'agit d'une adaptation filmique et que pour le coup, certaines phrases manquent un peu de naturel, notamment le jeu de Natalie Baye lors de la première scène de rencontre sur le pas de la porte.
Mais on va pas chipoter, "Juste la fin du monde" est pour moi un grand film. Plus je regarde les films de Dolan et plus je les aiment et celui ci en est à mes yeux l'apothéose (peut être à égalité avec Mommy, faut pas pousser non plus, je suis incapable de choisir entre les deux).
J'en ressors à chaque fois éblouie.