S'il y a bien un film que j'avais hâte de voir en cette rentrée scolaire c'était celui-là. Pourtant, je n'avais encore jamais vu une oeuvre de Miranda July, j'étais donc dans la découverte totale et ne savais pas vraiment à quoi m'attendre.


Tout d'abord j'ai tout de suite été charmée par l'univers de la cinéaste. Ici, il s'agit d'entrer dans le quotidien d'un trio hors du commun : une mère, un père et leur enfant, une jeune femme qui ignore tout du monde dans lequel elle vit. Complètement dépendants les uns des autres et vivant à l'écart de la société, cette famille ressemble davantage à un club ou, comme le nomme la réalisatrice, une secte.


Evan Rachel Wood, qui interprète le rôle de la jeune femme, marque immédiatement par son look atypique (chevelure plate et très longue, identique à celle de sa mère + vêtements trop grands) et par sa voix très basse. Son personnage m'a particulièrement touchée par son innocence et par sa peur du contact physique.


L'actrice a tout de suite pensé au film Edward aux mains d'argent de Tim Burton (un de ses films préférés) et je trouve que cette référence est totalement adéquate et cohérente en termes de caractérisation. En effet, ils partagent tous les deux ce côté naïf et craintif et font tous les deux une rencontre qui va changer leur vie. Si Edward (Johnny Depp) fait connaissance avec la jolie Kim (Winona Ryder), Old Dolio (Evan Rachel Wood) va tomber sur la solaire Mélanie (Gina Rodriguez).


La beauté de Kajillionnaire c'est de réussir à explorer le thème des nouvelles relations en jouant sur les non-dits et sans tomber dans les clichés. Ainsi, le lien qui se crée entre Old Dolio et Mélanie se fait avec naturel et malgré des zones floues quant à leur rapprochement, cela n'enlève en rien l'émotion qu'on ressent en les voyant ensemble.


J'ai beaucoup aimé ce contraste entre le pétillant de Mélanie et la retenue d'Old Dolio. Même si au tout début je ne comprenais pas quel était le rapport entre ce trio d'acteurs indépendants et Gina Rodriguez (connue pour son rôle dans la série Jane The Virgin), je trouve que c'est un choix de casting judicieux.


Enfin, même si le film n'est pas linéaire en qualité (il y a parfois des moments de mou), il est suffisamment intrigant et singulier pour être vu.


Pour ma part, cela m'a donné envie de regarder le reste de la filmographie de Miranda July et de revoir la mini-série Mildred Pierce de Todd Haynes (2011) que j'avais adoré et dans laquelle j'avais découvert Evan Rachel Wood.

SybilleGuerriero
8

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Films vus au cinéma en 2020

Créée

le 14 oct. 2021

Critique lue 65 fois

Critique lue 65 fois

D'autres avis sur Kajillionaire

Kajillionaire
EricDebarnot
8

En rampant sur l'abdomen

On peut être, comme nous, profondément indifférents - voire hostiles - au cinéma indie US (option Sundance, pas loin de l'horreur absolue...), et décider d'aller quand même voir "Kajillionaire", sur...

le 4 oct. 2020

21 j'aime

Kajillionaire
Fêtons_le_cinéma
8

De la mousse rose pour un sevrage

Cette mousse rose bonbon qui s’échappe de l’étage supérieur pour couler le long du mur du fond, c’est à la fois l’expression sans cesse répétée – et minutée – de l’hérédité et son enchantement par la...

le 4 oct. 2020

19 j'aime

7

Kajillionaire
eleonoreoldwood
6

IMMENSEMENT RICHE

Old Dolio n'a pas de parents, mais fait partie d'un clan. De même qu'elle n'est pas vraiment une fille, en dépit de ses longs cheveux blonds. Sa voix, ses vêtements flottants, tout est mis en œuvre...

le 2 oct. 2020

8 j'aime

Du même critique

La Carrière d'une femme de chambre
SybilleGuerriero
7

Critique de La Carrière d'une femme de chambre par Sybille Guerriero

Ce n'est qu'en découvrant le titre original sur l'écran de la salle de cinéma que j'ai compris de quel film il s'agissait. Je m'explique : mon père qui est professeur d'italien et donne des cours de...

le 8 sept. 2020

3 j'aime

L'Audition
SybilleGuerriero
6

Critique de L'Audition par Sybille Guerriero

Quelques cinémas indépendants de Paris dont le Champo ont décidé de diffuser quatre oeuvres de jeunesse du metteur en scène tchèque. Connaissant et ayant aimé ses films internationaux, j'étais...

le 6 sept. 2020

3 j'aime

Alexandre le bienheureux
SybilleGuerriero
7

Critique de Alexandre le bienheureux par Sybille Guerriero

Il y a des films comme celui-là que l'on doit voir depuis des années parce qu'ils font partie de cette liste interminable d'oeuvres à découvrir ou tout simplement parce qu'on nous les a recommandés...

le 8 sept. 2020

3 j'aime