L'histoire est un éternel recommencement.

Keane cherche depuis six mois sa fille, disparue dans le métro de New-York. Il a du mal à accepter sa disparition et sombre de plus en plus vers une forme de folie, à devenir agressif, bref à perdre pied avec la réalité.
Cependant, il va rencontrer une femme, qui a une fille du même âge que la sienne, et son comportement va devenir très étrange auprès d'elle.

Du réalisateur Lodge Kerrigan, je n'avais vu que Clean, Shaven qui n'est déjà pas un film facile. Ici, c'est un film presque ascétique sur la forme, fortement inspiré des frères Dardenne dans la mise en scène (le personnage de Keane est souvent filmé de trois-quart dos) et dans l'absence totale de musique. Mais à mes yeux, ça en fait un film magnifique, porté par la grande interprétation de Damian Lewis (connu aujourd'hui pour avoir été le héros de la série Homeland), mais ça reste un film rude, peut-être encore plus si on est parent (ce qui n'est pas mon cas), car Keane représente au fond une peur d'un père (ou d'une mère) ; comment vivre quand l'enfant n'est plus là ?

Peu à peu, on voit cet homme sombrer dans la folie, agresser des hommes qui paraissent suspects à ses yeux, hurler à des parents si ils ont vu son enfant, et s'enfoncer dans une misère sociale, jusqu'à aller dans les toilettes du métro et se nettoyer au lavabo en se répétant sans cesse qu'il sent mauvais.
Ensuite, il rencontre une jeune femme, qui a une petite fille relativement similaire à la sienne, et là aussi, son comportement devient étrange ; on ne sait pas si il projette dans cet enfant ses souvenirs, si il compte l'enlever ou que sais-je encore, mais tout ça restera plus ou moins opaque jusqu'à la fin.

A noter que c'est grâce au nom de Steven Soderbergh, qui est ici producteur, que le film a pu se monter, et si ce dernier a proposé son propre montage (disponible sur le dvd zone 1), Lodge Kerrigan a eu toutes les libertés pour faire son film, peu aimable, âpre, mais que je trouve au fond bouleversant et avec cet incroyable acteur qu'est Damian Lewis.
Boubakar
8
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le 8 févr. 2015

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Boubakar

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