King Kong eu son petit rôle dans l'industrie du cinéma. D'une part en amenant le film de monstre à une échelle jusqu'alors jamais vu, mais aussi en améliorant la technique de stop-motion via Willis O'Brien, souvent crédité à tort comme l'inventeur de celle-ci. Il s'est seulement contenté de la reprendre et de la moderniser, comme le fera son élève Ray Harryhausen, la poussant à son paroxysme. Et si ceux qui découvrent le film aujourd'hui ne pourront s'empêcher de sourire, celui-ci était pourtant un modèle du genre niveau effets spéciaux.


Et le métrage est généreux en combats titanesques (et parfois très violents), Kong affrontant divers dinosaures, la quasi-totalité du film regorgeant de plans truqués, entre intégration des acteurs au milieu des marionnettes et superposition de plans filmés. Le film se rapprochera même du keiju eiga le temps de quelques destructions dans New York, le mec planqué dans le costume en moins. L'équivalent d'un blockbuster d'époque avec des séquences visuellement ambitieuses.


Les réalisateurs, Merian C. Cooper et Ernest B. Schoedsack, qui apparaissent dans un petit rôle très symbolique (


ils sont à bord de l'avion qui portera le coup fatal à Kong, une façon de dire qu'ils mettent à mort leur propre création


), n’hésitent pas à se moquer de leur film via une mise en abyme non dénuée d’humour. En effet, c'est l'histoire d'un réalisateur qui veut tourner un film, et les premiers plans filmés pour la production nous montre l'héroïne faire sa scream queen avant l'heure, gros gimmick des films de genre d’époques.


Difficile du coup de savoir si l'interprétation très monolithique des protagonistes tient du génie et d'une volonté des réalisateurs d'en rajouter une couche ou du manque de talent global du casting. Fay Wray montre ses skills d'hurleuse éclipsant ses quelques dialogues de début de métrage. Robert Armstrong, avec sa mono-expression faciale est très crédible dans le rôle du producteur véreux, mais on a fait le tour de sa prestation dès sa première apparition. Et Bruce Cabot dans le rôle du bellâtre à la voix de stentor fournira son lot de scènes héroïques arrachant la belle des griffes de la bête. Et bien sûr Kong, la star dont la gueule ne manque pas d'expressions, donnant un coté plus humain au monstre, son déplacement très anthropomorphique renforçant encore cette impression.


On ajoute une bande-son dynamique, accompagnant chaque scènes comme il se doit, et étant parmi les premières à être spécifiquement composé pour un métrage, et des passages qui sont restés dans l'inconscient collectif (l’ascension de l'Empire State Building), et on obtient une pépite du cinéma de genre qui une fois passé son début parfois un peu facile (le recrutement de la starlette tient de l'expéditif), propose un rythme qui n’essoufflera pas dès l'apparition de la star éponyme. On en a pour son argent.


King Kong, maintes fois copié, jamais égalé. Parmi les bons clones, on notera Mighty Joe Young, datant de 1949 et reprenant le principe du producteur voyant dans le monstre une poule aux œufs d'or, et reprenant la scène de spectacle, qui deviendra l'un des moments forts du métrage quand elle tournera au vinaigre. Le réalisateur ? Ernest B. Schoedsack. Comme quoi, il n'y a pas de hasard.

auty
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le 3 août 2015

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