King kong, c'est quand même un imaginaire respectable qui mérite d'être attaqué avec sérieux et un minimum d'ambition. Mais peut-être qu'il existe aujourd'hui une hiérarchie des mythologies. Certaines sont des salles de jeux où on peut y faire un peu ce qu'on veut, d'autres sont des temples en sucre dans lesquels aucune audace n'est acceptée (suivez mon regard qui se tourne vers une lointaine galaxie).


J'ai vu un King kong dans lequel les effets numériques sont incapables de donner un caractère tangible aux décors ou aux créatures. Après toutes ces années à critiquer ce problème dans de nombreux films et presque trois ans après Mad Max: Fury Road, j'estime qu'on a le droit de devenir sévères sur la question. Le résultat est que j'ai eu cette sensation de me retrouver face à un film sans poids, un enchaînement de cinématiques de jeux vidéos comme l'avait brillamment codifié en son temps le Hobbit : la bataille des cinq armées. Pour un film qui est censé mettre en scène la nature sous sa forme indomptée, sauvage et inexplorée, je trouve que ça manque un peu de poussière et de boue. On se retrouve en définitive avec un gros problème d'immersion à la vue du film.


Mais l'immersion ça se joue pas que sur la plastique. On a besoin de catalyseurs pour nos affects, de portes émotionnelles dans le film capables de faire naître un certain attachement, un certain intérêt pour les personnages. Ceci permettant de créer la tension et nous rendre sensibles aux enjeux. Et je m'aperçois que ce film est peut-être un bon exemple qu'il est possible d'échouer à ce niveau par la mauvaise maîtrise du rythme. Ce King kong a un rythme de clip musical qui nous fait voler d'un coin à l'autre de l'île sans nous donner de sensation d'emprisonnement, de poursuite ou d'urgence. Le rythme trop rapide nous empêche également de nous calquer, en quelques sortes, sur le temps et la temporalité des protagonistes. On est loin de l'attente sourde qu'on pouvait observer dans le Predator de 1987, et de ce genre de scènes qui nous donnent presque l'impression de compter les secondes avec les personnages. À l'inverse, la frénésie virtuose de Mad Max Fury Road lors de ses scènes d'action, qui nous donnait presque la sensation de voir les évènements et les actes précéder la pensée, lorsque l'instinct prend le pas sur le jugement comme pour les sportifs de haut niveau ou lors d'évènements dangereux.
Alors bien sur, c'est peut être un peu exagéré de mobiliser ce qu'il se fait de mieux face à ce pauvre Kong Skull Island. Mais je n'ai pas le souvenir d'avoir autant ressenti mon manque d'implication dans un film à cause de son rythme. Et au final, rien que pour ça, il y a quelque chose d'intéressant à retirer du visionnage.


Sinon la photo et les couleurs un peu pétées, j'ai trouvé ça pas si mal surtout au début du film dans des décors plus urbains et feutrés. Et la bagarre à la fin j'admet qu'elle se laisse regarder. Mais ça sauve pas le film qui m'a laissé une impression de gros foirage bien gratiné.


Quant au projet très osé et novateur de créer un univers cinématographie à partir de ce film, je ferai comme si je n'avais rien vu.

Krantz
3
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le 16 janv. 2018

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Krantz

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