Grand fan du film d'animation Coraline, j'ai été immédiatement hypé par le premier trailer de Kubo où on y voit un jeune garçon qui parcourt un japon médiévalo-fantastique avec pour seule arme un shimisen magique. Si cette phrase peut suffire à résumer plus que sommairement l'intrigue, force est de constater qu'il ne faudra rien attendre du titre français qui ne sert qu'à légitimer la quête initiatique de Kubo vers l'âge adulte. Rendu borgne par son grand-père, devant s'occuper de sa mère victime d'un violent traumatisme crânien et idéalisant les exploits d'un père samouraï qu'il n'a pas connu, Kubo débute donc sa quête avec sa besace à problèmes déjà bien remplie à ras bord.
Toutefois, il pourra compter sur deux compagnons singuliers et hauts en couleurs pour l'épauler et l'aiguiller dans ses aventures. Alternant les scènes d'action admirablement bien chorégraphiées via le stop motion et les moments plus introspectifs, Kubo et l'armure magique assure une fuite en avant rondement menée et particulièrement dépaysante. Ainsi, cérémonies japonaises, ninja-assassins, origamis, armes de légende, musiques traditionnelles et créatures fantastiques forment un univers cohérent qui embarque le spectateur pour ne jamais lui laisser le temps de s'ennuyer. Si cette volonté assure un rythme certain à l'oeuvre, elle dessert cependant l'intrigue.
En effet, Kubo et l'armure magique ne peut pas satisfaire sur la distance tous les public. Si tout le monde s'accordera sur le fait qu' artistiquement le film est une petite merveille qui s'appuie sur un stop motion soigné et dynamique, les plus grands risquent de tiquer sur une trame cousue de fils blancs ainsi que sur un enchaînement d'évènements aux transitions mal amenées dans la forme, mais également dans le fond. Pour la forme cela se traduit par des cuts violents et répétés, et pour ce qui est du fond il est difficile de faire fi de l'impression que le réalisateur a voulu à tout prix caser toutes ses idées dans le film et ce au détriment de leur épanouissement.
Alors certes toutes les situations s'imbriquent pour tracer le sillon d'une Aventure épique mais je ne peux m'empêcher de déplorer un manque de liant entre elles. Reste qu'il faut tout de même saluer la volonté de proposer aux (jeunes) spectateurs une thématique mature comme celle du deuil, et surtout l'incorporer avec soin dans le prisme de la transition vers l'âge adulte. C'est fait sans fioriture malgré une bonne grosse dose de magie, mais surtout cela montre que l'on peut aborder des sujets sensibles tout en émerveillant les spectateurs. Car oui, il ne faut pas oublier que Kubo et l'armure magique, au-delà d'un titre putassier, garantit une vraie évasion dans un univers fantasmagorique mêlant tradition et émerveillement.
Ainsi, à travers une très belle mise en abime du conte, l'histoire de Kubo se révèle être une oeuvre attachante autant pour sa forme que pour son fond. Assurément l'un des films d'animation à voir - d'un oeil, mais d'un bon - en cette fin d'année !