C’est fou de penser que la tragédie du Kursk a déjà 18 ans, et que j’ai profité de ce laps de temps pour occulter l’issue pour les marins russes.
Je me souvenais de la base: incident sur un navire nucléaire que les russes ont cherché à masquer puis pour le secours duquel ils ont tardé à accepter l’aide internationale alors que le monde entier se demandait pourquoi ils laissaient de pauvres gars coincés dans leur prison de ferraille.
Le nœud du problème, c’était que les russes semblaient réagir comme à l’époque de leur
grandeur militaire et de la guerre froide avec l’ennemi occidental.
Kursk le film reprend très bien cette partie de l’histoire: la vieille garde russe qui s'arc boute sur ses positions et insiste pour piloter des secours d’une autre époque est impressionnante de bêtise.
Au point qu’on peut trouver le film trop insistant sur ce point: mettant en parallèle un Colin Firth trop irréprochable dans son petit uniforme de sujet de sa très gracieuse majesté.
Les vilains russes vieux pas polis et pas sympa d’un côté, les gentils anglais qui offrent un jolie main tendue gantée d’un blanc immaculé de l’autre, c’est un peu trop simpliste pour qu’on adhère à 100%.
Pourtant, si on s’en tient aux faits, c’est ce qu’on nous a fait vivre à l’époque, et le film s’appuie sans doute sur des enquêtes réalisées depuis.
Quand on connaît le déroulé et le temps des opérations, on peut difficilement douter que le fond du problème n’est pas autre chose qu’un orgueil national mal placé.
Au milieu de tout ça, il y a ces marins coincés qui tentent de survivre, de faire ce qu’on leur a appris: s’organiser, sécuriser les arrivées d’eau, pomper celle qui entre, réunir vivres et de quoi respirer, …
Cette organisation toute militaire est la même qu’hors de l’eau, sauf que d’un côté comme de l’autre elle doit se doubler d’une capacité d’adaptation.
L'adaptation, c’est aussi ce qu’on demande aux familles qui elles sont les grandes perdantes de l’histoire: c’est elles qu’on oublie d’informer, à qui on cache la vérité, qui auront à se reconstruire après.
Kursk arrive à mener de front les 3 points de vue, et à rendre chaque partie assez dense pour qu’on ne s’ennuie jamais, qu’on comprenne les sentiments qui animent chaque protagoniste.
On ressort de là sonné devant le gâchis, avec l’envie d’en savoir plus, de vouloir découvrir que peut-être on pourrait excuser certains mauvais choix, mais le film charge tellement un côté de la balance qu’on a bien du mal à ne pas en vouloir aux grands pontes de l’armée russe qui tentent de sauver les meubles d’un matériel vieillissant avec lequel on leur demande d’épater on ne sait quelle galerie.
Les hommes et leur fierté….