L'Affaire SK1 par Hugo Harnois
L’affaire SK1 en 2001, c’est huit ans d’enquête, une dizaine de viols et de meurtres. En 2015, elle est devenue une sorte de nouveau standard français, parvenant à prolonger un cinéma hexagonal de qualité, racé et exigeant. Très bien amené et écrit avec une précision chirurgicale, ce scénario était casse-gueule puisque la majorité du public en connaissait le dénouement. Alors comment captiver des spectateurs étant déjà parfaitement informé de ce fait divers ? Par la sagacité de Tellier, construisant son film comme un vrai polar, en faisant douter son auditoire et en l’amenant, lui aussi, à faire son enquête.
En reprenant le thème musical phare du chef-d’œuvre de McQueen, Shame, le réalisateur et La Pinta opèrent un tour de force remarquable. Ce tempo, pulsant au rythme d’un cœur qui n’a plus le temps de battre, met en exergue des personnages qui ne sont plus prisonniers d’un corps, mais de la vérité. Ces envolées lyriques donnent alors à cette enquête une tournure dramatique qui prend une ampleur insoupçonnée.
Personnaz, nouveau poids lourd du cinéma français, est parfait en jeune inspecteur débarquant au 36. Sa maturité gagnée en tournant avec des réalisateurs comme Tavernier, Auteuil ou Ozon lui permet d’assumer ce rôle pleinement. S’étant fait connaitre par Plus belle la vie, Adama Niane est la révélation du film. Très crédible, celui-ci arrive à jouer tout en nuances dans un rôle compliqué et ambigu.
Car qui est Guy Georges ? Qu’est-ce qu’un tueur en série et quelles sont ses motivations ? Grâce aux rôles joués par les avocats (excellente Nathalie Baye), on s’aperçoit que nous n’avons pas toutes les réponses. Nonobstant, il ne faut pas considérer ces derniers comme des monstres, car nous passerions à côté d’un aspect essentiel : un meurtrier est et reste avant tout un homme.
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