Le polar à la française actuel n’a pas fini de me confirmer qu’il ne vaut pas grand-chose. Après avoir visionné La French de Cédric Jimenez avec Jean Dujardin qui ne m’avait pas spécialement inspiré, j’insiste - histoire de me faire mal - en m’attaquant à L’Affaire SK1 de Frédéric Tellier. Ces deux films ont été bien accueillis par la presse autant que le public. Je peux comprendre un certain engouement pour le film de Jimenez qui a au moins le mérite d’être divertissant même s’il accumule les erreurs. Par contre, L’Affaire SK1 n’a d’intérêt que le côté documentaire. Aucune ambition en terme de réalisation et un jeu d’acteur à la ramasse nous font penser à un Téléfilm. En même temps, en observant le réalisateur d’un peu plus près, nous nous rendons compte qu’il a en effet sorti des films pour la télévision ou des séries avant tout.
Attardons nous sur le point fort de L’Affaire SK1 qui est sans nul doute son histoire. Frédéric Tellier a réussi un travail de documentation assez intéressant sur Guy George, le tueur de l’Est Parisien, un assassin de jeune femme qui a mis presque 10 ans à se faire épingler alors qu’il continuait les meurtres de façon récurrente. Nous suivons le service de police chargé de l’enquête sur cette longue période. Alors oui, cela nous permet d’en apprendre énormément sur les tenants et les aboutissements de cette affaire, mais d’un autre côté le travail de réalisation est tellement à côté de la plaque que le film devient pénible à suivre malgré ce qu’il raconte. En même temps vouloir condenser une affaire d'une telle durée en seulement 2 heures sans en perdre une miette relève de l’absurde. C’est pourtant ce que Tellier va nous proposer. Le schéma en devient bancal, avec une avancée dans le temps, un meurtre, les conclusions que la flicaille en retire, puis de nouveau une avancée dans le temps, un meurtre et on recommence. Sur les nombreux meurtres cela en devient accablant à la longue. Sans compter que le film se déroule avec des flashbacks continus, le présent se situant au moment de rendre le verdict. Nous faisons donc des allers-retours très convenus dans le genre et là… clairement pas maîtrisés.
Ce n’est malheureusement pas le seul problème dont souffre L’Affaire SK1. En plus d’avoir une réalisation à la ramasse, nous nous payons un jeu d’acteur pire que limite. La faute entre autre à la profondeur des personnages, à la narration du récit et aux dialogues, mais pas seulement. Les différents policiers, et surtout l’acteur principal, n’ont pas un dessous de charisme. Ce qui pose de lourds problèmes dans un genre qui nécessite des protagonistes avec beaucoup de prestance. En outre, les avocats ne sont pas convainquant non plus, en particulier ceux de la défense. C’est d’autant plus dommage que l’accusé joue relativement bien alors qu’il a le rôle le plus compliqué.
Entre une réalisation à la ramasse et des prestations d’acteurs au rabais, L’Affaire SK1 peine à convaincre même si nous sentons que les intentions du réalisateur sur son sujet sont sincères. Au final, on s’ennuie ferme devant notre écran en attendant un dénouement connu du public depuis plus de 10 ans.