Rien qu’à la lecture du scénario, le cinéphile lambda se sent irrésistiblement attiré par cet étrange objet au potentiel certain. Et dès les premières minutes, c’est peu dire qu’on tombe littéralement sous le charme de l’Age de cristal, qui nous transporte dans une société futuriste aussi séduisante qu’irréaliste. Les fantaisistes maquettes de la ville font circuler des voitures sur monorails pénétrant dans de gigantesques structures roses bonbon ou multicolores, pendant qu’à l’intérieur, les adultes dans la fleur de l’âge s’adonnent à une sexualité sans tabou (polygamie, homosexualité, bisexualité… seul les trans semblent avoir été oubliés). On est en plein dans une société hippie, où abondent les symboles new âge (les cristaux en forme de fleur, les horloges internes, la cérémonie de « départ »…), couplée à une destruction totale de la structure familiale (découpage par tranche d’âge, avec une vision assez cruelle du quartier des enfants). Dans un univers aussi ambitieux thématiquement que visuellement (chaque décor est d’un kitch prestigieux, un régal pour les yeux), difficile de ne pas y trouver son compte, rien qu’avec le voyage que va entamer notre héros. Sa charge lui ouvrant toutes les portes de la cité, nous explorons avec lui les limites de l’univers dans lequel l’humanité semble réduite, et c’est à ses côtés que nous repousserons plus loin les limites de l’inconnu quand commencera sa quête du « sanctuaire », vers lequel affluent tous les rebelles fuyant leur mort programmée. Malheureusement, L’âge de cristal possède plusieurs gros défauts qui diminuent clairement la portée de ses messages. Déjà, il fait l’erreur de s’engager trop vite dans une relation un peu trop prévisible avec une jeune femme très réac qui souhaite ostensiblement un retour vers notre époque. Et c’est là le gros point noir de l’âge de cristal. L’univers qu’il a bâti tend à suivre un chemin réactionnaire du futur, c'est-à-dire qu’il tend à revenir vers notre société actuelle (celle du présent). Chemin complètement absurde, qui démontre l’artificialité idéologique de l’âge de cristal (car cette société a du coup été conçue pour tendre à revenir vers le passé). Toutefois, ce dernier étant adapté d’une série, on ne lui en voudra pas trop d’avoir suivi à la lettre les ingrédients de son menu. En tant que tel, il se digère très bien comme un monument de kitcherie aux décors grandioses, qui nous offrent de belles séquences de bravoure comme ce combat à mains nues au beau milieu des lasers d’un robot chirurgical, ou le passage de nos héros dans une boîte à baise digne de la séquence du Love Hotel d’Enter the void. Dommage qu’il n’ait pas eu la volonté de combler les imperfections des règles de vie de sa cité (son fonctionnement automatique demeure un mystère, on ne sait pas d’où vient le jus, l’histoire semble avoir été complètement effacée sans être remplacée par rien, la mort des citoyens est inutile, d’où vient la bouffe ?...), mais il possède suffisamment de tripe pour prétendre à divertir, qui plus est en ménageant d’excellentes ambiances à l’aide de musiques électroniques hypnotisantes tout à fait adaptées à l’objet. Un summum de nostalgie futuriste.

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le 15 oct. 2013

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Voracinéphile

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