Matt Damon est candidat au poste de sénateur de l'état de New York et est sûr de gagner, quand soudain une photo de ses fesses parait dans la presse. Au même moment un type avec un chapeau et un grand manteau décroche son téléphone et dit un truc du genre "c'est fait".
Quelque mois plus tard, ce même type poursuit Matt Damon dans la rue pour lui renverser son café. N'y parvenant pas il appelle ses amis, qui portent tous des chapeaux et des grands manteaux noirs ...
What the Fringe?!!! (*)
Je n'ai pas lu la nouvelle The Adjustment Team dont est tiré le film. Donc le thème "faire en sorte que ce qui doit arriver arrive" m'évoque principalement deux trucs: Fringe bien sûr et, beaucoup moins flagrant, Lady in the water. Il y en a sûrement d'autres mais ce sont ces deux là qui me viennent à l'esprit.
Dans Fringe, les "observateurs" (qui portent des chapeaux et de longs manteaux ...) se contentent ... d'observer et de signaler un événement ("It happened"). Ils peuvent influer sur ce qui se passe mais n'interviennent qu'en de très rares occasions.
Dans Lady in the water, la nymphe débarque dans la piscine de l'hôtel pour déclencher une série d'événements prévus à l'avance: plaider sa cause auprès d'un auteur qui écrira un bouquin sur le sujet qui sera lu un jour par un petit garçon qui deviendra plus tard président et oeuvrera pour défendre la cause des nymphes (ou un truc dans ce genre). Elle le fait, ou pas, tout cela arrivera ou n'arrivera pas.
Dans l'Agence c'est un peu plus le bordel.
Les types aux chapeaux doivent faire respecter un plan décrivant tout ce qui doit se passer à chaque instant dans le monde (ou l'univers?).
Le plan est écrit par "le grand patron", qui a aussi plein d'autres noms.
Les chapeaux permettent aux types d'utiliser des portes magiques qui les font arriver pile poil là où ils veulent.
L'eau les empêche de communiquer entre eux. Ils se vantent d'être là depuis des millénaires mais n'ont toujours pas réglé ce problème ...
Dernier détail, ils ont tous des noms qui se termine par "-son" (Donaldson, Richardson, Thompson). J'ai cherché un moment qu'elle pouvait être la symbolique qui se cachait derrière ça: ils sont tous les fils du grand patron? ils sont tous suédois? Ils n'ont besoin de personne? en Harley Davidson? (Hem ...)
Mais tout est tombé à l'eau quand un rabat joie a décidé d'être l'exception à la règle en s'appelant Mitchell.
Le rôle des types aux chapeaux est assez flou. Ils s'assurent que le plan soit respecté, que ce qui doit arriver arrive. Et pour cela ils doivent intervenir parce que ça ne se fait pas tout seul. Admettons, mais ...
Il existe plusieurs versions du plan, parce que le grand patron n'assume pas ce qu'il a fait et réécrit régulièrement son oeuvre. (à ce moment là mes soupçons quant à l'identité du grand patron se sont tournés du côté de George Lucas)
Et ça, ça fout un bordel monstre.
Matt Damon, parce que son café n'a pas été renversé, retrouve une demoiselle qu'il avait embrassé quelques mois plus tôt. Et ça, ça n'était pas sensé arriver ... dans la dernière version du plan. Mais dans celle d'avant, oui.
Matt et la jeune fille tombent donc amoureux parce que le grand patron l'avait décidé avant de brusquement changer d'avis.
Donc le plan actuel a besoin de l'intervention des types aux chapeaux pour être respecté, alors que l'ancien plan, lui, se réalise tout seul ...
Je chipote peut-être mais je trouve ça plutôt bancal.
Encore plus bancal, l'obsession de Matt Damon à aller à l'encontre du plan actuel et à continuer de fréquenter la fille, au nom de l'amour et du libre arbitre. Même quand on lui explique il ne comprend pas que s'il est irrésistiblement attiré par Emily Blunt c'est aussi parce que le grand patron l'avait décidé avant de se dire que c'était une idée de merde.
Pire encore, si il finit par faire sa vie avec la demoiselle c'est parce que le grand chef change une nouvelle fois d'avis et le laisse tranquille.
A mes yeux ça décrédibilise complètement le propos du film (le libre arbitre) et la seule question qui se pose n'est à mon avis pas de savoir si Matt Damon a vaincu le destin mais plutôt si c'est l'ancien plan qui persiste ou le nouveau qui est rétroactif.
Je ne sais pas ce que ça donnait dans la nouvelle de Philip K. Dick, mais là on a un film un peu chiant avec un concept SF un peu bancal et une "morale" qui, de mon point de vue, ne tient pas la route.
Objectivement ça ne méritait pas un 4 sur 10 mais bizarrement j'en suis ressorti avec une impression de "pas si mauvais que ça".
(*) Spéciale dédicace; http://www.a-suivre.org/usa/fringe-3-12-concentrate-and-ask-again.html