Pas si banal que ça...

Il n’est pas aisé de noter un film de 50 secondes qui relève plus d’un essai technique que d’autre chose, et qui ne comporte pas de scénarisation. Mais ce court-métrage appartient à l’histoire du cinéma, il fait partie de ses premiers pas et à ce titre il mérite le respect pour ces pionniers qui ont ouvert la voie à ce que nous connaissons aujourd’hui.

Bien que très banal dans son sujet : l’arrivée d’un train dans une gare, ce court-métrage est original dans le choix du cadrage. Louis Lumière n’a pas placé la caméra latéralement, mais il a utilisé la diagonale et la profondeur du champ. Cela lui vient de son expérience de photographe. L’effet de l’arrivée du train est ainsi renforcé. On raconte que la première projection de ce film aurait déclenché la panique chez les spectateurs qui se seraient levés en criant, croyant que le train leur fonçait dessus. C'est peu probable ... "Ça fait partie de la mythologie des fêtes foraines" (Mark Lewis). Là, où étaient principalement projetés les premiers films. Il fallait attirer le public. Par contre quelques semaines avant la première projection Lumière, une locomotive avait jailli de l'écran vitré de l'ancienne gare de Montparnasse. L'événement avait attiré les foules qui venaient se faire prendre en photo au pied de la locomotive fracassée au sol. La réalité de l'accident et le mythe du train Lumière se rejoignent!

Le champ obtenu permet également de voir ensuite les nombreux voyageurs et accompagnateurs défiler devant la caméra au loin et de près.

L'Arrivée d'un train à La Ciotat a été projeté le 7 juillet 1896 à Bombay au Watson's Hôtel, lors d’une séance de projection de six courts métrages des frères Lumière. Il a ainsi fait partie des premières découvertes du public indien et inauguré son histoire, le cinéma indien étant aujourd’hui le plus prolifique au monde …
Il est aussi l’ancêtre de toutes les scènes de trains que nous trouvons au cinéma et qui ont donné lieu à des histoires vivantes et variées.