M.Dominik, à vous et à votre cinéma je dis bravo.
L'Assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford n'est pas un western conventionnel. N'allez pas y chercher des fusillades, des attaques de diligences ou des poursuite à cheval.
Le film suit principalement l'itinéraire des deux personnages qui composent le titre du film, à savoir Jesse James et Robert "Bob" Ford.
Jesse James, campé par Brad Pitt, n'est pas le bandit de grand chemin qu'on peut imaginer avant de voir le film. Ici nous assistons à la fin de son âge d'or, à sa décadence. Jesse et son frère Frank sont les derniers survivants de la bande qu'ils formaient auparavant. Ils sont désabusés, n'ont plus vraiment de motivations, ont perdu leurs idéaux. Suite à une ultime dispute entre les deux frères, ils se séparent et on voit à partir de cet élément déclencheur tout au cours du film la déchéance de Jesse James, qui va petit à petit tomber dans démagogie et surtout la paranoïa.
De l'autre côté il y a Bob Ford, joué par Casey Affleck -qui porte le film sur ses épaules. Bob Ford n'est pas un héros, Bob Ford n'a pas le charisme, la prestance ou même le courage de celui qu'il idolâtre depuis son plus jeune âge, c'est-à-dire Jesse James.
Flanqué de son frère, joué par le toujours excellent Sam Rockwell, il parvient petit à petit à intégrer la bande de James pour s'immiscer progressivement dans la vie même du bandit qu'il vénère. Il est d'ailleurs intéressant de voir que c'est seulement lorsqu'il est perçu au travers des yeux de Ford que James conserve encore sa superbe, superbe qu'il perdra aux yeux de Ford au fur et à mesure qu'il s'enfonce dans une quasi-dépression.
Ce désenchantement conduira inévitablement à ce que l'on pressent dès la lecture du titre au cours d'un huis-clos magnifique d'émotions et de tension.
À côté de ça, le film est tout simplement magnifique, la photo est proche de la perfection et le côté contemplatif prend tout son sens aux vues des magnifiques paysages du Missouri. La distribution est impeccable, des premiers aux seconds rôles.
Andrew Dominik chapeau, vous avez réussi pour moi là ou Malick a échoué dans Badlands en creusant plus les personnages et leurs évolutions respectives