Entre le jour et la nuit

L'aurore ou le film le plus émotif qui soit.

Un homme se retrouve torturé entre le choix de vivre auprès de sa famille à la campagne un amour respectable et vertueux, incarné par sa femme blonde, pure, naïve et innocente, et entre le désir d'assouvir ses pulsions les plus malsaines, de céder à un amour purement sexuel incarné par cette femme de la ville à la chevelure obscure, cette femme de la nuit semblable a une sorcière, tentatrice, séductrice et envoutante.

Les personnages sont tourmentés par la souffrance, les remords, le désespoir, mais surtout par l'amour qui est plus fort que tout. On retrouve des émotions tout au long du film qui ont réveillé en moi un tourbillon de sentiments, et qui m'ont profondément touchées jusqu'à me faire pleurer sans pouvoir m'arrêter.

C'est quand même le seul film capable d'émouvoir avec un morceau de pain. Pendant la scène du bar, lorsque l'homme pousse vers sa femme le panier de pain et que celle-ci, accablée et anéantie tente de croquer dans un des morceaux et tombe en sanglot, j'ai été submergée par une vague de douleur. La souffrance du personnage m'a envahi et les larmes qui coulaient de mes yeux n'en ont été que plus abondantes.

Ce qui fait à plus forte raison la force du film, c'est que le réalisateur le dirige de manière à nous montrer constamment ce que l'on veut voir, et sans que cela soit fatiguant. Dans n'importe quel autre film, les scènes à la foire, chez le coiffeur ou encore chez le photographe m'auraient totalement ennuyées, mais dans ce film, c'est du plaisir pur, et c'est merveilleusement bien tourné. Réussir a créer un film si fort en noir et blanc, muet, et avec les moyens de l'époque c'est juste exceptionnel, et la musique rajoute d'autant plus de la densité à la succession de ces plans remarquables, et à l'admirable jeu d'acteur.

Truffaut affirme qu'il s'agit du plus beau film du monde, et je dois dire que j'étais terriblement sceptique a cette idée. On ne peut pas dire que ce soit le meilleur, compte tenu de l'évolution du cinéma et des moyens techniques au cours du XIXème et du XXème siècles, et ce serait réduire à un film les aspects du cinéma tout entier. Mais je ne peux pas m'opposer à la déclaration de Truffaut, ayant moi-même été bouleversée par la beauté émotionnelle du film.