A partir de la pièce écrite de Poquelin pour le théâtre en 1668, cette transposition au cinéma par le tandem De Funès/Girault vaut pour le sujet (qui reste évidemment d'actualité), l'originalité du ton, celui de la comédie, mais aussi pour le fait que tous les personnages récitent la prose de Molière (de A à Z) en y restant fidèle. On retrouve dans le rôle d'Harpagon un De Funès dans son registre habituel, le cabotinage, mais qui a plutôt l'art de nous exacerber, tant dans le tonus qu'il nous montre que dans son jeu qui est très limité. L'avare marque ainsi la frontière entre le théâtre et le cinéma, et de ce fait De Funès est dépassé. C'est sans doute à partir de là que son jeu devient confus, tant devant sa manière d'être que dans son jeu d'acteur. Pour Oscar (au cinéma), on retrouvait tout son peps qui caractérisait tous ses grands films (Le corniaud, La grande vadrouille, La folie des grandeurs...). La mise en scène, bien qu'édifiante, n'est jamais à la hauteur. Pour leur première (et dernière !) collaboration, Jean Girault (La soupe aux choux, la série Les gendarmes, ...) et Louis De Funès restent dans l'esprit café-théâtre où les mouvements de caméra sont ou trop rapides, ou trop lents. Le duo ne se rendait sans doute pas compte du pouvoir du théâtre au cinéma (ce que Méliès avait déjà compris). De Funès et Girault se cantonnent au registre de la comédie pour une dégustation bien grasse de L'avare. Et ce n'est pas en mettant un perpétuel second (Galabru) que ce menu fade saura se faire digérer. Dommage... . Molière est à César ce que De Funès est à Oscar !