L'Aventure de Mme Muir (The Ghost and Mrs. Muir) est une sublime comédie fantastique romantique réalisé par Joseph L. Mankiewicz, coécrite par Philip Dunne d'après le roman de R. A. Dick... qui met en scéne la sublime Gene Tierney qui joue Lucy Muir une jeune veuve (mère d'une petite fille jouée par une certaine Natalie Wood... role qui sera repris par Vanessa Brown (Anna Muir) adulte) qui s'installe le cottage Les Mouettes dans la station balnéaire de Whitecliff... Hanté par l'ancien propriétaire, un capitaine de la marine espiègle mais inoffensif du nom de Daniel Gregg (joué par le superbe Rex Harrison)... Lequel lui dicte ses mémoires... que la jeune femme (qui est tombée amoureuse du fantôme... et sur les conseils de ce dernier) va faire édité chez un éditeur à Londres... ou elle rencontre un certain Miles Fairley (joué par le superbe George Sanders) un auteur d'histoires pour enfants dont le surnom est Oncle Neddy.... un homme visiblement très sympathique mais déjà marié et père de deux enfants, qui a déjà abusé de la crédulité d'autres femmes... Une superbe histoire d'amour impossible entre une mortelle et un fantôme... réalisé par le meilleur (pour moi) cinéaste Américain qui signe son quatrième long métrage (aprés Le Château du dragon (Dragonwyck), Quelque part dans la nuit (Somewhere in the Night) et Un mariage à Boston (The Late George Apley) et son premier chef d'oeuvre... Par ailleurs le cinéaste dit au sujet de son film « L'Aventure de Mme Muir était une pure romance et le souvenir le plus marquant que j’en garde est celui de Rex Harrison faisant ses adieux à la veuve (Gene Tierney). Il exprime le regret de la vie merveilleuse qu’ils auraient pu connaître ensemble. Il y a le vent, il y a la mer, il y a la quête de quelque chose d’autre… Et les déceptions que l’on rencontre. Ce sont là des sentiments que j’ai toujours voulu transmettre, et je crois bien qu’on en trouve trace dans presque tous mes films, comédies ou drames, de Chaînes conjugales à Ève, en passant par La porte s'ouvre. »... L’Aventure de Madame Muir est certainement l’une des plus belles réussites du cinéaste.... le plus singulier de sa carrière, qui étonne par la simplicité de sa construction et l’épuration de sa forme, inhabituelles chez le cinéaste des narrations enchevêtrées (voir ses films suivants)... Basé sur un roman de R.A. Dick – en réalité pseudonyme de l’écrivaine Josephine Leslie, situation d’ailleurs reprise dans le film - le scénariste Philip Dunne (qui s’est déjà illustré sur de nombreux chefs d’œuvre au cours des années 30 et 40 dont Quelle était verte ma vallée) livre une magnifique histoire d’amour sur fond de fantastique qui ne pouvait que séduire les pontes de la Fox. Ces derniers contactent immédiatement le réalisateur John M. Stahl, grand spécialiste du mélodrame prestigieux qui travaille quelques temps sur le projet avant de jeter l’éponge... C’est finalement Joseph L. Mankiewicz qui se retrouve aux commandes du navire, avec pour mission de sauver l’entreprise du naufrage. A ce moment de sa carrière, Mankiewicz est certes un scénariste aguerri et reconnu, mais il reste un metteur en scène débutant qui doit absolument faire ses preuves. Le cinéaste apporte dans ses bagages la belle Gene Tierney avec qui il avait déjà tourné Le château du dragon en 1946 et collabore pour la première fois avec Rex Harrison. Autant dire que la réussite du long-métrage repose en grande partie sur la parfaite alchimie entre les deux acteurs qui se surpassent pour nous faire croire à cette histoire d’amour surnaturelle... Cela commence très fort avec l’introduction du personnage de femme volontaire incarné avec conviction par Gene Tierney. Sa découverte de la maison hantée peut même figurer au panthéon des meilleurs films de mystère, à l’instar du Rebecca d’Hitchcock. Grâce à la photographie très contrastée de Charles Lang, le spectateur scrute les ténèbres de cette demeure avec angoisse durant un premier quart d’heure particulièrement efficace. Changement de ton radical lorsque la jeune femme entre en contact avec le fantôme interprété avec charisme par Rex Harrison. Désormais, L’aventure de Mme Muir se transforme en une charmante comédie romantique où le drame n’hésite jamais à pointer le bout de son nez. On est sans doute moins convaincu par l’escapade amoureuse de l’héroïne avec ce bellâtre de George Sanders (en mode automatique pour un rôle sans épaisseur) qui tend à affaiblir la partie centrale du long-métrage. Heureusement, le cinéaste se rattrape lors du dernier quart d’heure qui voit les années défiler autour d’une Gene Tierney seule face à sa destinée. Dès lors, le ton se fait plus grave – sans être plombant – et les intentions des auteurs finissent par transparaître de manière plus claire... S’achevant sur une scène de pur mélodrame, L’aventure de Mme Muir laisse le spectateur avec un sentiment de sérénité et de plénitude qu’il est assez rare de ressentir au cinéma. Joseph Mankiewicz signe donc son premier film important. Peut-être pas son chef d’œuvre, mais assurément son œuvre la plus romanesque... Enfin bref, ce beau drame romantique teinté de fantastique est le premier chef d'oeuvre de Joseph L. Mankiewicz, porté par la subliduo Gene Tierney – Rex Harrison, au firmament.