Quelques années après avoir donné sa propre version de Jaws, Joe Dante s’accapare Le voyage fantastique, de Richard Fleischer. Il ne va évidemment pas se contenter d’en produire un remake puisque hormis l’idée de la miniaturisation et de l’hôte humain, il n’y aura que très peu de point commun sinon au détour de divers clins d’œil. Son film est volontiers parodique, son rythme est endiablé, les genres fusionnent. Surtout, les personnages sont bien plus drôles et intéressants.


 D’un côté, Tuck Pendleton, lieutenant de marine alcoolique, de l’autre Jack Putter, un employé de supermarché hypocondriaque. Ils vont se rencontrer de façon pas banale : Alors qu’il était miniaturisé, reclus dans une capsule sous-marine, en vue d’une expérience scientifique dans l’organisme d’un lapin, Tuck se retrouve injecté in extremis dans celui de Jack, afin d’échapper à des espions industriels. Il parvient à entrer en contact avec lui, ce qui occasionne des échanges assez désopilants. Mais comme dans le film de Fleischer, le temps est compté : Ses réserves d’oxygène s’amenuisent.
Tandis qu’on ne l’a pas vu depuis l’ouverture, dans laquelle elle plaquait son homme – Tuck Pendleton, donc – le laissant littéralement à poil en pleine rue, Lydia (Meg Ryan) réapparait vers la moitié du film, juste après que Tuck ait découvert le visage de son hôte dans le miroir. « God help us » lâche-t-il alors, un peu désespéré. Le message est clair : Dieu c’est elle. C’est de Lydia que leur salut / survie à tous deux dépend. Ça devient alors une comédie romantique complètement folle, burlesque, poétique et vertigineuse. Doublé d’un éloge du ménage à trois.
Joe Dante ne recule devant rien, ne se contente jamais de ce qu’il a. Il n’hésite pas à œuvrer dans le mélange des genres. En bon remake détraqué, il faut toujours qu’Innerspace aille plus loin, dans la folie, la drôlerie, le cartoon ou l’horreur. Parfois ça va même un peu trop loin pour moi, notamment lorsque les méchants deviennent des demi-portions. Mais un moment donné, alors que le trio fonctionne à merveille sur le registre de la screwball comedy, lors d’un baiser Tuck change de corps-hôte et débarque dans celui de Lydia où il tombera bientôt nez à nez avec un fœtus. Son propre enfant. Le film rend euphorique mais l’espace d’un instant il nous ébranle.
Innerspace est à Fantastic voyage ce que Chérie j’ai rétréci les gosses est à L’homme qui rétrécit : Un film généreux, euphorique et très ancré dans son époque. Le Dante ayant ceci d’un peu plus subversif, qui fait le sel de son cinéma habituel. Si je garderai éternellement un faible pour les films de Jack Arnold & Joe Johnston qui sont deux de mes films préférés depuis longtemps, ceux de Fleischer & Dante sont fait du même moule : Inventif, cinégénique et familial au possible. Le cinéma comme je l’aime, en somme.
JanosValuska
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Top 10 Films 1987

Créée

le 27 déc. 2019

Critique lue 151 fois

3 j'aime

JanosValuska

Écrit par

Critique lue 151 fois

3

D'autres avis sur L'Aventure intérieure

L'Aventure intérieure
zombiraptor
8

Mari honnête

Aaaah comme c'est génial quand même... J'veux dire, c'est complètement con et tellement enthousiaste, une émulsion de gags débiles et d'inventivité jouissive basée sur une histoire qui aurait tout...

le 8 juin 2014

56 j'aime

6

L'Aventure intérieure
SanFelice
7

I've got you under my skin

Dans ce film, Joe Dante, le réalisateur de Gremlins et du sous-estimé Small Soldiers, fait ce qu'il sait faire le mieux : un mélange de comédie, d'aventures et de trucages qui, à leur époque, étaient...

le 3 mai 2013

41 j'aime

13

L'Aventure intérieure
Docteur_Jivago
7

God ! Somebody help me ! I'M POSSESSED !!

Pape du divertissement familial des années 1980, notamment pour voir réalisé les Indiana Jones, E.T. et produit Retour vers le Futur ou Gremlins, Steven Spielberg présente ici Innerspace, qu'il a...

le 12 août 2015

33 j'aime

Du même critique

La Maison des bois
JanosValuska
10

My childhood.

J’ai cette belle sensation que le film ne me quittera jamais, qu’il est déjà bien ancré dans ma mémoire, que je me souviendrai de cette maison, ce village, ce petit garçon pour toujours. J’ai...

le 21 nov. 2014

32 j'aime

5

Titane
JanosValuska
5

The messy demon.

Quand Grave est sorti il y a quatre ans, ça m’avait enthousiasmé. Non pas que le film soit  parfait, loin de là, mais ça faisait tellement de bien de voir un premier film aussi intense...

le 24 juil. 2021

31 j'aime

5

Le Convoi de la peur
JanosValuska
10

Ensorcelés.

Il est certain que ce n’est pas le film qui me fera aimer Star Wars. Je n’ai jamais eu de grande estime pour la saga culte alors quand j’apprends que les deux films sont sortis en même temps en salle...

le 10 déc. 2013

28 j'aime

8