De l'intérêt du film avant le livre

J'ai abordé "l'écume des jours" à l'envers : j'ai visionné le film avant de lire le roman.

Méthode peu orthodoxe, je l'admets volontiers, mais n'ayant pas étudié ce classique au collège (contrairement à beaucoup, on dirait), j'y suis venu un peu à l'improviste, attiré il est vrai par les images surréelles de la bande annonce du nouveau Gondry.

Méthode peu orthodoxe, mais qui a ses avantages : là où beaucoup ont l'air d'avoir été déçus par le film (et je les comprends : il détruit forcément l'imaginaire qu'ils s'étaient bâtis sur cette histoire au fil des ans), il m'a en fait guidé pendant ma lecture, m'aidant à mieux visualiser les scènes. Et pour cette raison singulière, je trouve que le film est plutôt réussi : il restitue assez bien l'ambiance jazzy du roman, sa fibre poétique, la descente graduelle en enfer des protagonistes.

Néanmoins, ayant lu depuis le roman, je m'aperçois a posteriori de ses lacunes : quelques modifications apportées à l'histoire (pour quelles raisons ??), mais surtout un lifting sévère sur ses aspects les plus féroces pour le rendre à tout prix tout public.

Je verrais donc bien dans ce film, certes une adaptation satisfaisante mais imparfaite d'un grand classique de la Littérature, mais surtout une introduction utile à la lecture du roman. C'est déjà pas si mal, et cette approche, en plus d'attirer de nouveaux lecteurs vers Boris Vian, suscitera sans doute moins de déception.